ARCHIVE - Séminaire interfacultaire en environnement 2019

L’alimentation, mais encore ? Voir au-delà de nos assiettes

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Thématique

Se nourrir est presque devenu un acte anodin, un geste nécessaire mais néanmoins plaisant. Cependant, l’alimentation est au centre des préoccupations de toutes les sociétés humaines depuis la nuit des temps: elle constitue un enjeu écologique, économique, sanitaire, éthique, ou encore spirituel. Par une approche pluridisciplinaire du thème de l’alimentation, ce cycle de conférences 2019 a pour objectif de permettre d’en comprendre les enjeux actuels et futurs. L’histoire de l’alimentation, le lien entre santé et alimentation, ainsi que les notions d’agroécologie, de droit à l’alimentation et d’autres encore seront abordés.

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Conférences en ligne

Lien entre alimentation et santé, état des lieux en Suisse

Prof. Murielle Bochud, Institut universitaire de médecine sociale et préventive, Lausanne

13 mars 2019

L’alimentation a un impact majeur sur la santé. De la production alimentaire, à la sécurité alimentaire le long de la chaîne de distribution des aliments, aux choix alimentaires individuels, la thématique reliant alimentation et santé est complexe et implique un très grand nombre d’acteurs et d’intervenants. Une cartographie des principaux acteurs sera présentée. Peu de données sur l’alimentation de la population suisse existent actuellement. Cette présentation décrira les méthodes actuellement utilisées dans les enquêtes populationnelles sur l’alimentation et fera une synthèse des résultats de la première enquête nationale de nutrition, menuCH. Une esquisse des défis à venir pour promouvoir la santé grâce à une alimentation saine et durable en Suisse sera ensuite proposée.

Conférence

L'agroécologie pour nourrir correctement et durablement l'humanité

Prof. Marc Dufumier, AgroParisTech, Paris

20 mars 2019

Nous sommes plus de 7,6 milliards d’humains dans le monde et nous serons probablement plus de 9,5 milliards d’habitants en 2050. L’émergence de nouvelles classes moyennes dans quelques pays émergents d’Asie et d’Amérique latine (Chine, Inde, Brésil, etc.) et la hausse de leur pouvoir d’achat se manifestent par de profondes transformations dans les modes de consommation alimentaire avec une consommation croissante de produits animaux (œufs, lait et viandes). Il est donc à prévoir une augmentation encore plus rapide de la demande en produits végétaux, puisque 3 à 10 calories végétales sont nécessaires pour produire une calorie animale.

Il existe fort heureusement d’ores et déjà des techniques agricoles paysannes inspirées de l’agroécologie permettant d’accroître sensiblement les rendements à l’hectare dans tous les pays, du Nord comme du Sud, sans recours excessif aux énergies fossiles, sans utilisation de produits pesticides et sans grandes émissions de gaz à effet de serre. Mais la question se pose de savoir comment on parviendra à les mettre en œuvre dans les diverses parties du monde, à l’encontre des lobbys dont l’intérêt est de poursuivre une agriculture industrielle et polluante.

Pratiques religieuses et pratiques alimentaires

Prof. Olivier Bauer, Université de Lausanne

27 mars 2019

Convaincu que l’on mange aussi comme on croit, Olivier Bauer parcourt le bouddhisme, le christianisme, l’hindouisme, l’islam et le judaïsme pour mettre en évidence l’impact des pratiques religieuses sur les pratiques alimentaires. En théologien, il fait apparaître la relation que ces traditions religieuses ou spirituelles entretiennent avec l’alimentation — gourmandise ou ascèse — et la manière dont elles obligent ou interdisent de consommer certaines nourritures — de manière absolue ou temporaire — ; il mentionne quelques aliments — le vin, la datte, le bagel… — qu’elles chargent d’une valeur symbolique particulière. En théologien toujours, il fait apparaître comment certaines personnes spiritualisent l’alimentation, en y trouvant les valeurs qui les font vivre — véganisme, locavore… —. Il évoque enfin quelques conséquences de ces pratiques alimentaires pour l’environnement humain et naturel.  

Références

  • Assouly O. (2002). Les nourritures divines. Essai sur les interdits alimentaires. Arles : Actes Sud.
  • Bauer O. (2017). Nicole Rognon mange aussi comme elle croit. Lausanne.
  • Markus V. (2018). Désobéir. Manifeste antispéciste. Genève : Labor et Fides.

Conférence

Manger local, peut-on y arriver ?

Dr Sophie Réviron, AGRIDEA, Lausanne

3 avril 2019

Tous les jours, nous faisons de nombreux choix pour nous nourrir : un menu pour un repas, une recette, des ingrédients bruts et peu transformés, des produits industriels tout-prêts… La tentation est grande d’aller « au plus facile ». Pourtant des enquêtes de consommateurs réalisées en magasin ont montré très clairement la valeur des produits suisses et des produits locaux.

Face à la multitude de l’offre et la diversité des critères du « bien » manger, la conférence éclairera les raisons qui sous-tendent le manger local: pourquoi manger local ? C’est quoi le local ? Quelles en sont les limites ? L’offre est-elle suffisante ? Comment repérer les produits locaux ? Est-ce plus cher ? Est-ce équitable ? Est-ce bon pour la santé ? Quels en sont les effets sur l’environnement ? Comment évolue la part des produits de proximité dans la restauration hors domicile ? Peut-on envisager de faire évoluer la composition des produits alimentaires industriels, voire même du fast food ? Loin des extrêmes et des diktats, la relocalisation de l’alimentation conduit à mieux penser les achats alimentaires.

Références

  • Projet PHR « Consommation alimentaire locale dans la métropole Lémanique ».
  • Schweizer R., Boisseaux S., Reviron S., Leresche J.-P., Manger suisse : qui décide ?, Savoir Suisse 2018, n° 130.
  • L’uniscope n°642, entretien avec David Trotta, On ne mange pas que pour se nourrir. (PDF)

Conférence

Démocratie alimentaire : de quoi parle-t-on ?

Dr Dominique Paturel, Institut national de la recherche agronomique, Montpellier

10 avril 2019

Les produits alimentaires sont traités de la même manière que les autres produits de consommation. Le consommateur ne peut se manifester qu’à travers le fait d’acheter ou de ne pas acheter. Tout cela demeure néanmoins structuré par le marché, dans lequel le choix individuel, même organisé en action collective, ne permet pas aux mangeurs de prendre la main.

C’est à partir de ce constat que le concept de « démocratie alimentaire » prend toute sa force. Il représente la revendication des citoyens à reprendre le pouvoir sur la façon d’accéder à l’alimentation, dans la reconnexion entre celle-ci et les conditions de sa production (agriculture et système de transformation). Les citoyens retrouvent ainsi les moyens d’orienter l’évolution de leur système alimentaire à travers leurs décisions et pas uniquement leurs actes d’achat.

Cependant, pour que la démocratie alimentaire s’incarne dans des réponses de la vie ordinaire des citoyens, il est nécessaire de s’appuyer sur une compréhension systémique et multifonctionnelle de l’alimentation, qui n’est pas seulement biologique (remplir les ventres), mais également sociale (être ensemble et se reconnaître dans une égale « citoyenneté alimentaire »), identitaire (liée à l’appartenance à une famille, une culture, une communauté, etc.) et hédonique.

Conférence

Histoire de l'alimentation et perspective sur son avenir

Dr Nicolas Godinot, Alimentarium, Vevey

1er mai 2019

De la savane africaine du Pléistocène au supermarché connecté, l’histoire de l’alimentation humaine nous informe autant sur ce que nous mangeons que sur ce que nous sommes. Découvertes, innovations, révolutions émaillent cette histoire et accompagnent l’évolution de l’organisation des sociétés humaines. Si la confection d’outils de chasse, la maitrise du feu, de la culture et de l’élevage, des conditions de conservation, l’amélioration des espèces… sont autant d’étapes qui jalonnent ce que nous pouvons manger, la sédentarisation, l’urbanisation, le commerce, mais aussi nos croyances et représentations du monde, ont mis en forme comment nous mangeons. Deux éléments, le quoi et le comment, qui prennent une importance particulière depuis que nous sommes devenus un acteur principal de l’évolution de l’environnement, nous sortant de l’Holocène pour sauter à plein pied dans l’Anthropocène.

Références

  • Montanari M. & Flandrin J.L., Histoire de l'alimentation. Paris : Fayard 1996, 926 p.
  • Schneider Y., Petite histoire de l'alimentation en Suisse. Le mont-sur-Lausanne : LEP Loisir et Pédagogie SA 2014, 71 p.
  • Silvertown J.W., Dîner avec Darwin: des cavernes aux cuisines, l'évolution de nos assiettes. (trad. Fenter V. & Pousaz L.), Lausanne : PPUR col. Quanto 2018, 316 p.
  • FAO, The future of food and agriculture: Trends and challenges, Rome : FAO 2017, 187 p. [résumé en français]

Conférence

Moral fields : trust, transparency, and organic certification in Uttarakhand, India

Prof. Shaila Seshia Galvin, Graduate Institute of International and Development Studies, Genève

22 mai 2019

The turn toward sustainable agriculture has been accompanied by a proliferation of third-party certification schemes. These schemes are often justified, and mandated, on the grounds that they are necessary to provide transparency, ensure compliance with quality standards, and produce public trust. This talk inquires into the relationship between transparency and trust in food certification by focusing on the development of third-party certified organic agriculture in the northern Indian state of Uttarakhand. The ethnographic research on which this talk is based complicates widely held notions that trust is an outcome of certification. It shows how sentiments of trust are mobilized and conditioned through practices of document-keeping and inspections. Trust, then, is not merely produced by certification, but encompasses a range of sentiments on which certification systems rely for their functioning. These findings may encourage us to think anew about understandings of, and aspirations for, trust and transparency in our food systems.

Consommation de viande : faut-il une intervention publique ?

Dr Céline Bonnet, Toulouse School of Economics, INRA, Toulouse

29 mai 2019

La consommation de viande a considérablement augmenté au cours des 50 dernières années. Cette tendance soulève de nombreux problèmes de santé publique et des problèmes d’impact environnemental, ainsi que des préoccupations morales concernant le bien-être des animaux d’élevage. L’objectif de cette présentation sera de discuter de la réglementation de la consommation de viande dans les pays développés. Plus précisément, nous présenterons les justifications possibles de cette réglementation sur les dimensions liées à l'environnement, à la santé et au bien-être des animaux, ainsi que de l'effet des instruments de réglementation fiscale, informationnelle et comportementale. Enfin, nous présentons une liste de défis que les décideurs et les scientifiques de l’alimentation devront affronter à l’avenir.

Conférence

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Programme

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