Thèses terminées

Traumatisme et Déperditions scolaires : une approche clinique de l’impact du traumatisme sur des enfants scolarisés victimes d’abus sexuels

Louis Serge ABOUDE, Docteur

Directeur de thèse : Prof. Pascal Roman

Ce projet de recherche porte sur l’approche clinique de l’impact du traumatisme sur des enfants africains victimes d’abus sexuels. De nos jours, les abus sexuels et les déperditions scolaires figurent parmi quelques évènements mortifères qui impactent le bien être de l’enfant africain. De par les passions qu’ils soulèvent, les croyances et les préjugés dont on les entoure, les partis pris qu’ils suscitent, les abus sexuels, en particulier, sont en passe de devenir aujourd’hui, l’une des questions psychologiques qui agitent douloureusement les consciences et occupent une place importante dans les débats publics sur le continent africain, et dans le monde entier de manière générale. Mais ces débats sont loin d’être éclairant tant ils sont pris aux pièges de pseudo convictions traditionnelles, religieuses de savants naïfs, enfermés dans le dédale des manipulations ésotérique, politiques, mystiques et comme recouverts d’un vernis d’hypocrisie. Pendant ce temps, des enfants victimes d’abus sexuels subissent, dans les villes et les campagnes africaines, des exactions aussi diverses qu’abominables dont la stigmatisation au quotidien, les persécutions, la marginalisation, les viols thérapeutiques et enfin, le déni de leurs droits humains. Ce qui ne nous a pas laissé indifférents.

A cet effet, il nous sera donc d’un grand intérêt, d’analyser, de comprendre et de saisir, dans une approche théorique psychanalytique, l’impact Traumatique des abus sexuel sur les déperditions scolaires des enfants aux prises avec la pratique traditionnelle africaine. Pratique dans laquelle la culture traditionnelle est parfois réfractaires à la scolarisation de l’enfant, considéré comme une source de revenue pour la famille, et où l’enfant n’est pas protégé des abus sexuels, considérés comme une malédiction et de la sorcellerie à laver par une tradi thérapie.

Ainsi, nous nous posons la question fondamentale suivante : En quoi le traumatisme relatif aux abus sexuels subi par les enfants, du fait du court-circuitage par levée brutale du refoulement, entamerait-il leurs investissements d’apprentissages scolaires ?

Pour y parvenir, notre approche méthodologique choisie ici, est celle des entretiens cliniques avec en complément des tests projectifs de TAT et de Rorschach.

L’agir violent des adolescents à l’épreuve de la migration

Mina Hanifi, Docteure

Directeur de thèse : Prof. Pascal Roman

L’agir violent chez les adolescents immigrés est un sujet fréquemment traité. En s’appuyant sur les données statistiques, nous pouvons conclure que les adolescents de nationalité étrangère sont plus susceptibles que les autochtones d’avoir recours à l’agir violent. Dans ce cas, il est important d’essayer de comprendre les fondements menant les adolescents immigrés à l’agir violent. Ceux-ci sont vraisemblablement en rapport avec l’histoire de la migration et les conditions liées à celle-ci. Il est intéressant de chercher quels sont les états et conflits psychiques expliquant en partie les mécanismes engageants les agirs hétéro-agressifs.

Cette recherche vise à explorer les processus psychiques de l’adolescence à travers l’agir violent des adolescents immigrés, et travaille sur la question de l’identité et de la violence. La violence hétéro-adressée à l’adolescence serait le témoin d’un travail interne en souffrance en lien à la fois avec les bouleversements psychiques et physiques dont l’adolescent est le sujet, mais aussi avec l’histoire de la migration. Cette dernière introduisant des ruptures spatio-temporelles, des perturbations sur le plan psychologique et des réaménagements sur le plan familial. Nous nous intéressons aux articulations dynamiques et topiques des instances idéales que sont le Moi-idéal et l’Idéal du Moi.

Pour cela, des adolescents immigrés, de première ou deuxième génération, âgés de 12 à 18 ans seront rencontrés. Ils auront été les auteurs de violences hétéro-agressives les ayant conduits à une intervention judiciaire. De fait, cette recherche se situera à la croisée des pensées psychologiques et criminologiques. La population clinique (n=10) sera rencontrée par l’intermédiaire d’un entretien semi-structuré et ainsi que des outils projectifs, Rorschach, Thematic Apperception Test, génogramme libre. Les tests projectifs permettront d’avoir une compréhension du passage adolescent, les enjeux identitaires et identificatoires, et d’appréhender le fonctionnement intrapsychique du sujet.  L’entretien semi-structuré, quant à lui, permet l’évaluation et l’étude des données psycho-criminologiques, psychopathologiques et anamnestiques.

Les processus psychiques du devenir mère de la grossesse au post-partum : une étude clinique, projective et longitudinale.

Mathilde POINTURIER, Docteure

Directeur de thèse : Prof. Pascal Roman

Cadre général du sujet : en France, environ 85 % des femmes auront au moins un enfant au cours de leur vie (Toulemon et Mazuy, 2001). En 2019, ce sont plus de 753 000 bébés qui sont nés dans l’hexagone. L’indicateur de fécondité - 1,8 enfant par femme (Papon et Baumel, 2020) - est un des plus élevés d’Europe (Beaumel, 2001 ; Masson, 2013). Si l’expérience de la maternité ne concerne pas l’ensemble des femmes, la naissance et la période périnatale, elles, concernent chaque être humain, cela au début même de chacune des existences.

Premier paradoxe au sein de la littérature scientifique qu’il est nécessaire d’appréhender : la maternité serait une période de bonheur chez la femme, alors qu’il est communément admis par les données scientifiques que le risque de développer un désordre psychiatrique, en particulier une dépression, augmente lors de la période périnatale (20 % des dépressions post-partum sont recensées). De plus, plusieurs difficultés très disparates sont avancées dans la littérature : troubles de l’humeur, symptômes psychosomatiques, modification de l’image du corps, sans que l’on ne perçoive une unité et une cohérence entre ces diverses manifestations. Les conséquences de ces difficultés sur la santé mentale maternelle, sur le couple, sur le développement du bébé et le lien mère-bébé sont établies. Enfin, peu d’études longitudinales étudient la population tout venant lors de l’entière période périnatale. Considérée comme une « étape clé du développement » (Johnson, 1997) quand son déroulement est positif, la maternité mériterait qu’on y consacre « une attention pensante » selon les mots même de Derrida et Roudinesco (2001). Car en effet, « bien que cette naissance soit celle de quelqu’un, on naît d’une femme…qui enfante » (St-Amant, 2013, p.377).

Méthode : une recherche longitudinale auprès de femmes tout venant et enceintes de leur premier enfant a été conduite dans une Centre Hospitalier Régional Universitaire (CHRU Minjoz) (N=30). Cette recherche longitudinale comprend 4 temps de mesure et a eu lieu au domicile des patientes : T1 au tout début de la grossesse, T2 au huitième mois de grossesse, T3 un mois après la naissance du bébé, T4 trois mois après la naissance du bébé. La méthodologie est complémentaire (Devereux, 1970), quantitative et qualitative, ceci dans une perspective de complexité au sens de Morin (1999). Des entretiens semi-directifs, une épreuve projective et différents auto-questionnaires ont été proposés (dépression, anxiété, ajustement dyadique, attachement, stress post-traumatique, image du corps, stress parental, détresse psychologique, soutien social) puis analysés statistiquement à l’aide d’analyses de variances à mesures répétées. 

Résultats et discussions : la population rencontrée est homogène. Nos résultats quantitatifs mettent en avant quelques données bien différentes de celles de la population générale, notamment sur l’attachement et l’anxiété. Les épreuves projectives montrent des particularités notables sur le plan de la dynamique psychique des personnes rencontrées. Les études de cas indiquent que ces femmes sont au travail dans des voies bien différentes qui touchent autant leur économie psychosomatique, leurs investissements objectaux passés ou actuels, leurs capacités de symbolisation et leurs enveloppes psychiques. Le Soi (Winnicott, 1970) de la femme, dans son sens autant philosophique que psychique, serait en évolution durant toute cette période, ce qui permet d’attester de l’existence de profonds remaniements au sein du psychisme des personnes rencontrées. Ces données permettent de comprendre comment le travail de subjectivation que la femme réalise durant la période périnatale peut simultanément concerner sa dynamique psychique mais aussi corporelle. Nous avons élaboré une théorisation à la frontière entre psychologie et philosophie autour de la notion du Soi et de ses remaniements en période périnatale. Nous avons proposé également une compréhension fine des processus intrapsychiques et intersubjectifs du devenir mère, qui aboutit à la mise en œuvre d’une proposition de dispositif sur le terrain. Ce dernier intègre ces nouvelles données scientifiques mais aussi des données pluridisciplinaires liées à la physiologie, aux aspects biologiques et hormonaux de la grossesse et du post- partum et en propose une lecture en lien avec les aspects psychologiques.

 

 

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