Interview avec Stefanie Knocks

Responsable du secrétariat du Réseau suisse des droits de l’enfant

Stefanie Knocks.jpegEnjeux autour de l’application des droits de l’enfant en Suisse

Le Réseau suisse des droits de l’enfant est une association composée d’environ 45 organisations non-gouvernementales, œuvrant pour la protection de l’enfance et pour la promotion de la jeunesse. Ensemble, elles veillent à la bonne application de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant en Suisse. La principale activité du Réseau est de rendre compte au Comité des droits de l’enfant des avancées et des obstacles dans cette entreprise. (Pour ses tâches de coordination et de secrétariat, le Réseau dispose d’un poste à env. 50%.)

Rencontre avec la Dr. Stefanie Knocks, chercheuse en sciences politiques et en sciences de la communication, et responsable du secrétariat du Réseau depuis 2013.


En 2015, le Comité des droits de l’enfant a rendu ses « observations finales » concernant l’application des droits de l’enfant en Suisse. Il a notamment pointé du doigt des lacunes en matière de données sur la violence envers les enfants et sur les mesures de soutien dans ce domaine en Suisse. De quelles données manquons-nous, en particulier ?

Le Comité s’inquiète du peu de données sur les mauvais traitements, les abus sexuels, les négligences et autres violences envers les enfants. Il a également constaté le nombre restreint d’études menées sur ces thématiques dans les milieux de la recherche. Le Comité recommande donc à la Suisse de mettre sur pied une banque de données portant sur toutes les formes de violences envers les enfants. Cet outil permettrait de recenser aussi bien le nombre de situations de maltraitance, d’abus sexuels et de négligence, que les résultats de recherches sur l’ampleur ou les formes que peuvent prendre ce problème.

Quelle serait l’utilité d’une telle banque de données pour la protection de l’enfance en Suisse ?

L’analyse de données fiables permet notamment d’améliorer l’évaluation des conditions, souvent difficiles, dans lesquelles les enfants et les jeunes concernés grandissent. Ces connaissances permettent d’adapter en conséquence des mesures, des projets et des offres de soutien pour ces mineurs en situation de vulnérabilité. 

Quelles démarches le Réseau a-t-il prévues, ou a-t-il déjà initiées, pour mettre en œuvre les recommandations du Comité des droits de l’enfant ?

Le secrétariat et les organisations membres du Réseau se sont répartis les différentes recommandations : le secrétariat se charge des recommandations d’ordre structurel et général, les membres se sont départagés les recommandations en fonction de leurs thématiques phares respectives. En collaboration avec les offices concernés au niveau fédéral et cantonal, chacun entreprendra les actions qui lui sembleront adéquates (discussions, manifestations, etc.). 
Le secrétariat et les organisations membres se chargent en outre du monitoring de la mise en œuvre des recommandations. Nous allons d’une part rendre compte des avancements par le biais de bilans intermédiaires, et d’autre part, nous allons réunir les informations nécessaires à l’élaboration du rapport des ONG, qui complète le rapport étatique en relayant le point de vue de la société civile.

Quelle est l’avancée de la préparation du prochain rapport étatique ?

La Suisse doit rendre le prochain rapport étatique au Comité des droits de l’enfant le 25 septembre 2020. Les recommandations de 2015 doivent donc être prises en compte d’ici-là. L’Office fédéral des assurances sociales, en charge de la rédaction de ce rapport, formera un groupe de travail  fin 2016. Ce groupe s’attèlera tout d’abord à sélectionner les thématiques, puisque toutes ne pourront pas figurer dans ce rapport. Le Réseau, ainsi que d’autres acteurs issus de la société civile et de la recherche y seront impliqués en tant que consultants.

 

Interview réalisée dans le cadre de l'étude Optimus 3, août 2016.

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