Vincent Barras est historien et médecin. Spécialisé dans l’histoire de la médecine, il a été directeur de l’Institut universitaire d’histoire de la médecine au sein de la Faculté de biologie et médecine de l’Université de Lausanne. Aujourd’hui retraité, il a été très actif dans le développement du CIRM en tant que membre du Conseil du CIRM.
Interview du 15 mars 2023
Mélanie Clivaz (MC): Vous avez quitté le milieu académique depuis quelques semaines déjà. Comment allez-vous ? Comment se passe cette période de transition ?
Vincent Barras (VB) : Hormis un petit incident (bête entorse compliquée d’une fracture de la malléole lors d’un exercice d’alpinisme), la transition entre milieu académique et « vie normale » se passe bien : Il s’agit avant tout, pour l’instant, d’explorer de nouvelles dimensions du temps, de tenter de se concentrer sur ce qui vous importe vraiment, y compris dans le domaine intellectuel (et que le tourbillon académique a tendance à malmener).
MC : Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
VB : Ce fut une très belle période, indéniablement, de ma vie ; échanges, stimulations et défis intellectuels et professionnels en tous genres : collègues, étudiant.e.s, collaborateur/trices de la scène universitaire et hospitalière. Tout un monde, dont il s’agit aussi de sortir.
MC : Vous avez beaucoup été sollicité durant la pandémie de Covid-19. Qu’apporte l’histoire de la médecine dans la compréhension de cette pandémie ?
VB : Cela a été ma conviction profonde, y compris avant la pandémie récente, que l’histoire était une discipline fondamentale, en ce sens qu’elle apporte la possibilité d’une distance analytique et critique avec les remous et urgences du temps présent. Cela s’est avéré de manière cruciale lors de la pandémie de Covid-19, bien que, dans le mouvement global, social, politique et institutionnel, et dans les prises de décisions, on ait relativement peu écouté l’histoire, au fond.
MC : Qu’est-ce que le CIRM a apporté à vos recherches ?
VB : Un lieu, sans doute le premier, chronologiquement parlant, à l’UNIL où les disciplines académiques ont dû prendre l’habitude systématique – c’était son cahier des charges – de se parler, où l’on a vraiment vécu ce que l’interdisciplinarité veut dire. Pour mes propres recherches, pour n’importe quelle recherches, cette exigence est du pain béni. Un grand merci à tou.te.s mes collègues du CIRM
MC : Vous êtes également un grand passionné de poésie, pouvez-vous nous en dire plus ?
VB : La poésie, c’est la vie, et je l’ai depuis longtemps intégrée à la mienne. Pour le reste, je ne peux qu’encourager quiconque à la fréquenter.
MC : Que pouvons-nous vous souhaiter pour votre retraite ?
VB : Tout l’espace nécessaire pour de la montagne, de la poésie, de la recherche en toute liberté, des rencontres et toutes sortes de rêveries.