Les origines sociales des professeurs de l’Université de Lausanne

Appartenir à des origines sociales élevées ou plus précisément à une « famille académique » sont des paramètres de nomination tout au long du XXe siècle. Toutefois, dans ce rapport entre continuité et rupture, notre groupe discute de l’effectivité de la démocratisation des études en analysant l’origine sociale des professeurs de l’Université de Lausanne (UNIL) et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) sur l’ensemble du XXe siècle. Y a-t-il vraiment eut un tel processus permettant aux enfants de classe ouvrière et salariée d’avoir autant de chance d’accéder à un poste de professeur que les enfants de la Moyenne ou Grande bourgeoisie ? Notre groupe de travail a donc étudié les ruptures et continuités des origines sociales des professeurs en regardant tout autant cette évolution dans le temps qu’en cherchant à observer des différences par faculté. Nous pouvons donc résumer notre démarche à une seule question : y a-t-il rupture ou continuité dans l’origine sociale des professeurs de l’UNIL et de l’EPFL?

Cadre théorique : la reproduction sociale des élites 

D’un point de vue théorique, nous nous sommes rapprochés des perspectives des élites défendues par Michael Hartmann dans son étude sur le recrutement des dirigeants d’entreprises en Allemagne (Hartmann : 2005, 83-100). S’inspirant d’une sociologie proche de Pierre Bourdieu et de son concept d’habitus, elle relève que celui-ci s’accorde avec trois autres avantages qu’un milieu social élevé apporte. D’une part elle nous invite à considérer que les attentes explicites de la famille issue du patronat ou d’un procureur général a de facto des objectifs différents des familles ouvrières ou petites bourgeoises. Dans un second temps, les enfants de la bourgeoisie ont à leur avantage les informations qu’ils peuvent retirer de leur entourage. Ce qui leur permet de s’en servir pour construire leur carrière académique pouvant obtenir des données plus précises et pertinentes par les relations et les contacts liés à leur entourage. Dans un dernier temps, ils peuvent prendre une plus grande marge de risque en ce sens qu’une carrière académique est souvent longue et fastidieuse, et nécessite un grand nombre de ressources surtout pour les périodes où les politiques de formations sont peu développées.

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Albert(-Eugène-Emile) BARRAUD, retouches par Elisabeth Holm

Hartmann poursuit son travail avec le constat que bien qu’il y aie une prédominance de la bourgeoisie dans l’économie, la donne est différente dans le domaine de la politique, la justice et les sciences où elle relève surtout que les enfants des classes ouvrières et classes moyennes qui ont obtenu un doctorat ont une meilleure réussite dans le champ scientifique. Car comme elle le relève : « Pour être nommé professeur, il faut avoir auparavant passé par les étapes très formalisées d’une procédure de désignation, dans lesquelles, malgré la majorité assurée juridiquement aux professeurs, tous les autres groupes de l’université ont également des possibilités d’influence. Ensuite, il ne faut pas sous-estimer les influences politiques. (…) Avec l’instauration d’une université où le pouvoir est mieux partagé entre ses différentes composantes, cette tendance s’est sensiblement modifiée. De plus, il n’y a pas dans les universités d’habitus prédominant qui favoriserait les enfants de la bourgeoisie aussi fortement que dans l’économie. L’habitus propre au monde scientifique orienté vers le savoir et la culture correspond de toute façon mieux aux enfants des milieux modestes que celui de l’acteur sûr de lui qui prédomine dans les directions d’entreprises » (Hartmann : 2005, 96). Puis l’auteur poursuit avec l’idée que : « Les postes du domaine politique juridique et scientifique donnent plus de chances aux catégories inférieures à celle de la grande bourgeoisie car les procédés de recrutement y sont plus démocratiques et plus formalisés et parce que les enfants de la bourgeoisie s’intéressent moins aux postes de direction dans ces domaines. Elles peuvent aussi passer d’un secteur à l’autre si les perspectives de carrière se détériorèrent sensiblement. Les autres classes se contentent du reste » (Hartmann : 2005, 99).

Les travaux de Philipp Sarasin (Sarasin : 1998) sur la bourgeoisie bâloise, en particulier sur la fin du XIXe siècle tendent à corroborer nos travaux en mettant en exergue une forme de continuité historique sur cette question de reproduction sociale qu’il classe dans la bourgeoisie intellectuelle. Il relève en effet un taux de reproduction des professeurs d’environs 73% (Sarasin : 1998, 107), entendu comme le fils reprenant la même profession que le père. Ce qui le laisse dire que : « Cependant, en raison du caractère transmissible des moyens de production et du capital commercial, liés à la famille, voire de la transmission d’un capital intellectuel dans les ménages d’universitaires, le modèle socioculturel prédominant dans l’ancienne Europe selon lequel « le fils reprend la profession et les possessions du père » perdura même dans des circonstances où un rapport véritable entre production et exploitation familiale avait été dissout de longue date.» (Sarasin : 1998, 107-108). Ce rapport nous semble que peu changer au regard des résultats obtenus dans nos travaux. Le principal facteur explicatif donné par Sarrasin qui nous semble lui aussi toujours valable aujourd’hui, serait que : «  Le principal facteur – comme cela ressort nettement des présentes données – qui déterminait la position sociale des individus était la socialisation familiale et, partant, la chance ainsi induite de bénéficier d’un bon départ dans la vie, en raison de lien étroit existant entre le capital de production, le savoir-faire et la famille. (…) la thèse que je défends ne consiste-t-elle pas à affirmer que, outre l’instauration d’une inégalité sociale découlant d’une disparité des chances professionnelles et la consolidation entre génération de cette inégalité dans le confinement de la cellule familiale, il existait bien d’autres règles et types de comportement – certes, étroitement liés – qui entravaient fortement l’ascension sociale de la couche urbaine inférieure ou celle des immigrants. Le tout, non sans imprimer à toute la société le sceau hégémonique d’une élite « patricienne ». Ces supposées stratégies « patriciennes » n’ont pas pu être corroborées dans la dimension du « choix de la profession » ; elles doivent donc se retrouver dans la dimension du « mariage ». Le rôle socialisateur d’une famille appartenant à la bourgeoisie intellectuelle comme expliqué davantage par Hartmann, qui en plus de transférer un capital patrimoniale, intègre un ethos (savoir-être distingué et intellectuel, maîtrise des discours écrits-oraux, nécessité d’être en relative aisance économique pour représenter par excellence le scientifique détaché et coupé du monde) qui établit et correspond au final en grande partie aux exigences du champ académique ainsi qu’au profil de professeur. Une analyse de réseaux qui prendrait en considération le nom des directeurs de thèses des professeurs permettrait grandement d’affiner notre travail.

Comme nous l’avons vu avec Hartmann pour qui les emplois du domaine scientifique permettent l’intégration de classes inférieures de manière plus large, comment peut-on expliquer que des enfants de la moyenne et grande bourgeoisie n’ayant pas de parents professeurs choisissent d’embrasser cette carrière alors que l’on peut supposer qu’elle n’est pas prestigieuse? Nous devons tout d’abord ne pas oublier qu’elle demeure une fonction intégrante de la bourgeoisie comme Sarrasin le montre en intégrant les professeurs dans ce qui est appelé la bourgeoisie intellectuelle. Qui, par le fait d’être rattaché à cette classe, conserve tout de même une certaine valeur. Il est ici à rappeler que la bourgeoisie n’est pas homogène par la pluralité des fonctions économiques que peuvent occuper des personnes issues de cette même classe dans les processus économiques (industriel, banquier, hautes sphères de l’armée, marchand d’art, professeur etc.). Elle conserve des qualités propres et commune à cette catégorie, et une sphère d’influence politique qui peut être plus ou moins grande selon la fonction occupée. La zone d’influence et politique d’un cadre dirigeant bancaire du Crédit Suisse par exemple laisse penser qu’elle serait plus grande que celle d’un professeur d’Université et par conséquent, plus prestigieuse. Il n’en demeure pas moins que les professeurs restent constitutifs de cette classe en fonction de la famille à laquelle ils appartiennent. Bien qu’il peut être à la fin du XXe siècle un poste médiocre pour cette classe sociale, nous pouvons penser qu’elle peut jouer le rôle de refuge pour les bourgeois les moins « solides » à reprendre les affaires familiales dans le secteur industriel, bancaire ou commercial où la concurrence intrabourgeoise peut être plus rude que dans les milieux académiques. Un autre élément du choix de faire une carrière académique de professeur peut être dépendante des conjonctures économiques qui en tant que fonctionnaire, avec l’indépendance que le statut confère, permet de constituer une source de revenu alimentant le capital personnel de manière stable tout en étant « hors-marché », et qui demeure au sommet de la grille salariale publique tout en ayant dans l’idéal d’ordres à recevoir de personne. C’est-à-dire qui permet de conserver une marge de manœuvre similaire voire plus grande à celle des professions libérales qui ont la nécessité d’entretenir une clientèle. Une étude plus poussée sur l’âge de leur nomination afin de voir s’ils occupent dans l’intervalle à leur nomination une place dans le privé permettrait d’affiner notre analyse.

Bien que ne traitant pas des professeurs d’université mais des étudiants en général, nous vous invitons, ici, également à visionner ci-dessous l’émission « Tremplin » réalisée par la Télévision Suisse Romande le 05 juin 1974. Il y a près de quarante ans, celle-ci présente de manière très frappante le lien causal entre l’appartenance de classe et la reproduction des élites socio-économiques en suivant et confrontant une apprentie issue d’une classe d’Ouvriers/Employés et une collégienne issue d’une classe aisée. Nous nous apercevons à travers ces deux portraits que l’appartenance sociale a des influences sur la formation et le choix de la carrière professionnelle. Provenir d’une classe aisée favorise l’accès à l’instruction grâce à un environnement stimulant l’apprentissage et la découverte, et assurant aussi le financement des études. Faire des études est d’ailleurs compris comme une tradition de ce milieu, si nous pouvons le dire ainsi. Malgré une démocratisation des études en place depuis les années 1930 avec un système de bourse d’études attribuées au mérite aux élèves, puis en 1965 aux élèves des « couches sociales moins fortunées » (CDIP : 1997, 18), nous remarquons que le financement n’est pas le seul facteur invitant à poursuivre des études et entreprendre une carrière universitaire, mais bien le milieu social d’où on n’est issu, qui nous stimule sur cette voie ou non.

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Notre analyse serait toutefois incomplète si nous ne replacions pas l’Université dans son contexte institutionnel en nous intéressons à ses relations. En effet, L’Université de Lausanne en particulier relève des compétences cantonales qui lui confèrent une indépendance par rapport à certaines relations de pouvoirs qui pourraient émaner de Berne. Ce qui établit alors des relations politiques cantonales qui renvoient à des acteurs que l’on présuppose appartenir en majorité à la petite et moyenne bourgeoisie. Cette dernière se caractérisant par une occupation des postes de très haute responsabilité à l’échelle cantonale (avocat, juge, haut fonctionnaire, Conseiller d’État, etc.) et qui nous invite alors à mieux saisir la surreprésentation de la moyenne bourgeoisie aux postes de professeurs. En effet, nous pouvons penser qu’il y a par ailleurs très peu de députés au Grand Conseil Vaudois, de Juges, avocats et médecins dont les parents sont ouvriers agricoles, et ceci pour une grande partie du siècle. Il est alors à se demander dans quelle mesure les relations entre la bourgeoisie vaudoise, qui par définition, représente une fraction de la population, ne privilégie pas ses semblables par des mécanismes d’endogamie sociale et de renvoi d’appareil dans des cercles où Professeurs d’Université, Médecins, Juges, Avocats, Banquier et industriels se côtoient. Que ce soit à l’opéra, au théâtre ou dans des lieux de discussions informels divers (paroisse, loge maçonnique, club d’affaire etc.).  Toutefois, ce propos est à nuancer en reconnaissant le caractère de « champs académique » définit par Pierre Bourdieu qui confère une certaine autonomie à l’UNIL. C’est à dire à la possibilité de faire rencontrer plusieurs milieux sociaux aux postes de professeur. En effet, les logiques propres régissant la science ainsi que les conjonctures économiques peuvent intéresser ou désintéresser les fractions des classes dominantes vaudoises à occuper ces postes pour autant que les revenus tirés dans d’autres secteurs s’avèrent plus faibles.

Nos questions de recherche

  • Comment la classe sociale et la famille académique jouent-elles un rôle dans la nomination de professeurs à l’UNIL ?
  • Comment expliquer la nomination d’une minorité de professeurs issus de classes sociales dite de la Petite bourgeoisie et de la classe Ouvriers/Employés, moins fortes socialement que la Grande et la Moyenne bourgeoisie ?

Nos hypothèses de départ

Notre première hypothèse (H1) suppose que les professeurs de l’UNIL proviennent majoritairement de « famille académique », du moins d’une classe sociale forte.

Étant donné l’évolution socio-historique et culturelle de notre société, comme la démocratisation et l’internationalisation des études, ou encore la féminisation du corps professoral, nous supposons en deuxième hypothèse (H2) que ces cas de figure (H1) ont tendance à s’affaiblir dans le temps.

Bien que les professeurs qui ne proviennent pas de famille académique ou d’une classe sociale forte représentent une minorité, nous supposons en troisième lieu (H3) que celle-ci croît de concert avec la démocratisation des études et autres réformes institutionnelles.

Enfin, nous supposons (H4) que cette minorité met en œuvre d’autres capitaux afin d’obtenir un poste de professeur, comme le mérite, l’excellence, ou le réseau.

Résultats et analyse des origines sociales des professeurs de l’Université de Lausanne

Origines sociales Unil

Les origines sociales de l’échantillon des 979 professeurs de l’Université de Lausanne se répartit au sein de quatre classes sociales que nous avons définie selon la profession de leurs pères (Grande bourgeoisie, Moyenne bourgeoisie, Petite bourgeoisie et Ouvriers/Employés. Plus de détail au bas de  page dans « Données, méthode et analyse »).

En ce qui concerne toute l’Université (toute faculté confondue) nous constatons qu’à travers l’ensemble du XXe siècle, c’est de la Moyenne bourgeoisie que proviennent la majorité des professeurs (49%).

Les professeurs provenant de la Moyenne bourgeoisie restent majoritaires et plus ou moins constants avec un pic en 1937 à 57%. Cependant, la Grande et la Petite bourgeoisie sont aussi des origines sociales déterminantes puisque 17% et 20% des professeurs en sont issus.

Les professeurs issus de l’origine sociale Ouvriers/Employés sont minoritaires, entre 9% et 19% sur l’ensemble du XXe siècle. Il y a une progression marquée à partir de la période 1957, jusqu’aux années 2000, où cette origine sociale prend le pas sur la Grande et la Petite bourgeoisie. Mais ce taux reste bien en-dessous des 49% des professeurs provenant de la Moyenne bourgeoisie. De plus, si l’on compare ce taux à la stratification sociale de la société en générale, on se rendrait compte que c’est un pourcentage infime d’enfants d’Ouvriers/Employés (constituant en réalité la majorité de la société) ayant réussit à accéder à l’Université et qui peuvent aussi espérer devenir professeur. Cela peut donc constituer une claire remise en question de l’effectivité de la démocratisation des études, cela d’autant plus que le taux d’enfants d’ouvriers devenant professeurs augmente seulement de 10% entre 1957 et 2000. Les résultats montrent finalement que c’est dans la nouvelle Faculté des SSP (Sciences Sociales et Politiques créée dès 1980) et en Faculté des Lettres que les enfants d’ouvriers supplémentaires sont allés se loger (voir les onglets Lettres et SSP pour plus de détails) .

Pour plus de détails concernant les origines sociales des professeurs par facultés et par années veuillez consulter les onglets ci-dessous.

Analyse des origines sociales des professeurs en Sciences de l’Université de Lausanne

Origines sociales Sciences

Dans le domaine des sciences c’est la Moyenne bourgeoisie qui reste surreprésentée (44% des professeurs sur l’entier du XXe siècle) même si sa présence baisse quelque peu dans la deuxième moitié du siècle. Un autre tiers des professeurs en sciences proviennent de la Petite bourgeoisie (29% sur l’entier du siècle), comme la Moyenne bourgeoisie, la Petite bourgeoisie est tout au long du siècle plus présente dans le corps professoral que la Grande bourgeoisie (11% sur l’entier du siècle) ou que les Ouvriers/Employés (16% sur l’entier du siècle).

Le dernier quart du XXe siècle annonce un déclin de la présence de la Petite bourgeoisie dans les sciences qui passe de 36% à 25% (env. -10%) entre 1980 et 2000 mais aussi un déclin de la Grande bourgeoisie qui passe de 19% à 10% (env. -10%) entre 1957 et 2000. Ceci est compensé par une augmentation de présence de la Moyenne bourgeoisie (+ 5% entre 1980 et 2000) et des professeurs originaires de la classe ouvrière et salariée ( + 6% entre 1980 et 2000).

Résultats et analyse des « familles académiques » de l’Université de Lausanne

Afin de compléter notre étude sur la provenance sociale des professeurs de l’Université de Lausanne, nous avons ajouté à notre analyse sur les origines sociales l’appartenance à une « famille académique ». En effet, provenir d’une famille académique a, selon nous, un impact déterminant sur la nomination des professeurs à l’Université. Rappelons-le, nous entendons par « famille académique », les professeurs dont le père, voire le grand-père, occupait aussi un poste de professeur dans une université.

[Données familles académiques]

[Graphique familles académiques]

Globalement, toutes les facultés indiquent une baisse des professeurs issus d’une famille académique durant le XXe siècle. Sauf les taux enregistrés en 1980 en Faculté des HEC et SSP pourrait être compris comme des hausses. Mais ce n’en est rien, il s’agit de la période de leur création et donc des premiers postes attribués de professeurs. C’est pour ceci qu’avant 1980 leur ligne n’apparait pas sur le graphique ci-dessus, n’étant pas encore créées. Ensuite, en 2000, elles affichent une baisse équivalente à celles des autres facultés : 7% de professeurs issus d’une famille académique en Faculté des SSP et 5% en Faculté des HEC.

Ce sont les Facultés de Droit, des Lettres et Théologie qui affichent, sur l’entier du siècle, un taux élevé de professeurs issus d’une famille académique. La Faculté de Droit indique le taux le plus élevé : au début du siècle, 46% contre 28% en Lettres et Théologie, puis une forte baisse en 1937 (30%) indiquant une rupture, alors qu’en Lettres et Théologie, une hausse à 38% est enregistrée (+10%). Toutefois, le taux remonte considérablement en 1957 à 42%, alors que cette fois-ci c’est en Lettres et Théologie qu’il baisse légèrement passant de 38% à 33%. Le taux de professeur appartenant à une famille académique continue de baisse en Faculté de Droit pour atteindre 23%, soit la moitié à la fin du siècle.

Dans chaque faculté les taux de familles académiques affichent un haut taux au début du siècle, pour diminuer considérablement (même constat en 1980 en Faculté des SSP : 25% contre 5% en 2000). Nous assistons donc à une réduction globale du taux de famille académique même si celui-ci reste relativement élevé.

« Zoom » sur certaines familles académiques

En nous intéressant aux « familles académiques », c’est-à-dire aux professeurs dont le père et au moins un des deux grands-pères étaient également professeurs, nous constatons que le nombre de cas concernés est très réduit : seuls 5 cas de notre échantillon ont ces critères spécifiques. Sur ces 5 cas, 3 proviennent de la Moyenne bourgeoisie, et 2 de la Grande :

1. Période 1957 : Robert MONNIER (1905-), professeur de Chimie à l’École polytechnique, Grande bourgeoisie (GB).
Père Alfred MONNIER, professeur de Chimie à l’Université de Genève.
Grand-père paternel Jean-Denis MONNIER, professeur de Chimie à l’Université de Genève.

2. Période 1980 : Laurent MONNIER (1938-), professeur en Faculté des Sciences sociales et politiques (SSP), Moyenne bourgeoisie (MB).
Père Luc MONNIER, professeur d’histoire à l’Université de Genève.
Grand-père maternel Emil(-Adolf) BRINER, professeur de Chimie.

3. Période 2000 : François GRIZE (1950-), professeur à la Faculté des Hautes Études Commerciales (HEC), Moyenne bourgeoisie (MB).
Père Jean-Blaise GRIZE, professeur à l’Université de Neuchâtel, docteur honoris causa en psychologie en 1987, chaire d’honneur à l’Université de Lausanne en 1989.
Grand-père paternel Jean GRIZE, professeur.

4. Période 2000 : René-Olivier MIRIMANOFF (1946-), professeur à la Faculté de Médecine, Grande bourgeoisie (GB).
Père André MIRIMANOFF, professeur de Pharmacie à l’Université de Genève.
Grand-père paternel Démetrius MIRIMANOFF, professeur de mathématiques à l’Université de Genève.

5. Période 2000 : Pierre MAGISTRETTI (1952-), professeur en Faculté de Médecine, Moyenne bourgeoisie (MB).
Mère Liana BOLIS, médecin et professeure d’université.
Grand-père maternel Pierre BOLIS, ingénieur et professeur d’université.

Nous avons procédé à des zooms micro-sociologiques en examinant de plus près les activités et relations professionnelles de ces 5 cas de professeurs provenant de familles académiques. Nous attirons toutefois votre attention sur le fait qu’il est délicat d’en tirer des généralités, leur nombre étant très restreint :

1. Période 1957 : Robert MONNIER, professeur de chimie de 1955 à 1975, fait partie de trois sociétés liées à la chimie. Il a travaillé dans l’industrie en tant que chef de laboratoire, puis adjoint de direction avant d’être professeur. Son père, Alfred MONNIER, a été directeur du Laboratoire d’agriculture et professeur de chimie à l’Université de Genève. Son grand-père paternel Jean-Denis MONNIER a aussi été professeur de chimie à l’Université de Genève. Bien que Robert travailla dans l’industrie, nous pensons que sa position sociale élevée ainsi que les postes de professeurs occupés précédemment par ses ancêtres ont contribué à sa nomination. Les trois générations ont exercé dans le même domaine de recherche.

2. Période 1980 : Laurent MONNIER, professeur en Faculté des Sciences sociales et politiques (SSP), n’appartient pas à la famille de notre premier zoom micro-sociologique, Robert MONNIER.
Laurent MONNIER obtient une licence en sciences sociales à l’Université de Genève en 1957. C’est à l’Université de Lovanium au Congo qu’il fait son assistanat et obtient son doctorat en sciences sociales pour avoir étudié la problématique de l’intégration des ethnies au Congo. Il évoluera au sein de cette même Université jusqu’au début des années septante en ayant différentes charge de cours avant d’y occuper un poste de professeur associé de sociologie politique et d’histoire politique du Congo-Zaïre. C’est à l’Université de Luhumbaski qu’il est nommé professeur de sociologie politique et d’histoire politique du Congo-Zaïre, dernier poste occupé avant de revenir en Suisse, précisément à l’EPFL en tant que suppléant d’introduction à la science politique. De 1972 à 1978, il est professeur extraordinaire à l’Université de Lausanne de science politique, de systèmes politiques européens et de vie et systèmes politiques des pays extra-européens. Puis jusqu’en 1988, il est professeur ordinaire de science politique et de tiers monde et partie spéciale. Il poursuit ensuite sa carrière à l’Université de Genève dans l’IUEP en tant que chargé de cours de sociologie politique du développement. Durant sa carrière universitaire en Suisse, il a aussi été directeur de l’Institut de sciences politiques (ISP), membre de l’Association suisse de sciences politiques (ASSP) et de la Société suisse de sociologie (SSS), et secrétaire général puis président de la Société suisse d’études africaines. Sa collaboration professionnelle s’étant aussi à l’élaboration de revues scientifiques en tant que membre du comité de publication de la revue Études Congolaises, et responsable du comité de rédaction de la Revue Genève-Afrique. Son appartenance à une famille académique a peut-être favorisé à un moment ou un autre sa carrière professorale, mais nous constatons que sa grande expérience à l’étranger et sa participation active à l’élaboration de revues scientifiques et au comité de certaines sociétés sociologiques ont contribué davantage.

3. Période 2000 : François GRIZE, professeur d’informatique, a fait une carrière académique en commençant par des postes de chef de travaux et chargé de cours de logique (EPFL), d’informatique (UNINE), de suppléant professeur assistant (HEC et Faculté des sciences), pour arriver ensuite au poste de professeur d’informatique à la Faculté des HEC depuis 1987, dont le poste a été créé. Il a ensuite été directeur de l’Institut d’informatique dès 1988 et doyen de la Faculté des sciences dès 1996. Trois prix d’honneur lui ont été décernés en 1975, 1981 et 1984. Son père, Jean-Blaise GRIZE a été professeur à l’Université de Neuchâtel et son grand-père paternel Jean GRIZE également. Il est délicat pour nous de faire des extrapolations sur le fait que son appartenance sociale et le fait de provenir d’une famille de professeurs n’ont pas joué un rôle déterminant dans le bon déroulement de sa carrière académique, même si nous sommes dans la période des années 2000 et qu’une démocratisation des études est en place depuis quelques décennies.

4. Période 2000 : René-Olivier MIRIMANOFF, professeur de médecine et chef de service de radio-oncologie du CHUV, a évolué entre la recherche médicale suisse et américaine en effectuant sa formation postgraduée à l’Université de Pennsylvanie, puis de Boston. Il obtient ainsi un titre de spécialiste en radio-oncologie en Suisse et aux États-Unis. C’est à l’Université de Genève qu’il exerce ensuite son activité médicale et académique avant d’être nominé professeur ordinaire à l’UNIL et chef de service de radio-oncologie du CHUV dès 1998. Son père, André MIRIMANOFF, était professeur de pharmacie à l’Université de Genève et son grand-père paternel Démétrius MIRIMANOFF professeur de mathématiques également à l’Université de Genève. Dans son cas, avoir fait ses études de médecine dans la même université où son père et son grand-père ont enseigné a certainement joué un rôle dans le démarrage de sa carrière, peut-être aussi pour sa formation postgraduée aux États-Unis. Toutefois, la médecine est une recherche pointue et de mérite. Pour occuper l’ensemble de ses fonctions, René-Olivier Mirimanoff est un médecin et chercheur d’excellence avant tout.

5. Période 2000 : Pierre MAGISTRETTI (1952-), professeur ordinaire de Physiologie en Faculté de Médecine depuis 1988, et doyen de la Faculté en 1996. Il a obtenu sa licence en médecine à l’Université de Genève en 1977 et y a été assistant au Département de pharmacologie. Après un séjour de 3 ans à l’Université de California-San Diego comme Graduate Student, il revient à l’Université de Genève pour occuper les postes de maître assistant (1982-1986), puis privat-docent de pharmacologie (1986-1988). Il est ensuite chercheur indépendant « Start » du FNRS toujours pour le Département de pharmacologie de l’Université de Genève. Depuis cette période, qui est la même lorsqu’il devient professeur à l’Université de Lausanne, il fait progressivement partie de sociétés de médecine tels la European Neuroscience Association, où il est aussi membre du comité de la Société des neurosciences en France, la Société suisse de psychiatrie biologique, et la Société de neuroendocrinologie expérimentale. Il est aussi vice-président puis président de la Société suisse de neuroscience. Enfin, vice-chairman de la Ligue suisse pour le cerveau et membre du comité scientifique de la Swiss Society for Muscular Dystrophy pour ne citer que celles-ci.
Le cas de ce professeur est particulier dans le sens que c’est le seul professeur d’une famille académique forte dont les autres membres professeurs ne sont pas du côté paternel mais maternel. C’est en effet sa mère, Liana BOLIS qui est médecin et professeure d’université et son grand-père maternel Pierre BOLIS, ingénieur et professeur d’université. Comme pour le professeur de médecine MIRIMANOFF, nous pensons que c’est avant tout l’excellence dans son domaine pointu qui a permis à Pierre MAGISTRETTI de devenir professeur d’université avant son appartenance sociale et familiale.

Les grandes conclusions de notre recherche

Moyenne bourgeoisie : classe de l’académie

En ce qui concerne l’analyse des origines sociales du corps professoral de l’Université de Lausanne, malgré quelques variations par faculté et par année, nos résultats nous indiquent que c’est majoritairement les individus originaires de la Moyenne bourgeoisie (enfants de dirigeants et/ou propriétaires de sociétés de taille moyenne, notables politiques d’importance régionale, cadres du secteur privé ou public, gros agriculteurs ou agriculteurs ayant exercé des fonctions politiques locales, professions libérales, préfet, juge cantonal, commerçant, hôtelier d’une certaine importance, etc.) qui occupent des postes de professeurs à l’Université de Lausanne.

La Grande bourgeoisie (classe de faible proportion dans la démographie en général) reste relativement bien représentée dans le corps professoral et ceci encore plus si nous la confrontons à la présence de la classe ouvrière et salariée. Même si la proportion des professeurs issus de la classe ouvrière et salariée augmente considérablement dans la deuxième partie du XXe siècle, cette part reste faible en proportion à l’importance numérique des travailleurs (ouvriers, salariés) dans la démographie suisse. Ce qui ne peut que remettre en question l’effectivité de la démocratisation de l’accès à l’Université. On dira donc que même s’il y a une relative rupture au milieu du siècle qui tend à favoriser la promotion d’individus issus de la classe ouvrière au statut de professeur, cette rupture est statistiquement faible par rapport à l’importance numérique de cette classe dans la population. Dès lors, on ne peut que constater le lien corrélatif entre l’appartenance à une classe sociale élevée (Grande ou Moyenne bourgeoisie) et le fait de devenir professeur.

L’importance des familles académiques

Bien qu’une origine sociale élevée favorise les chances d’accéder au corps professoral, nous avons également constaté qu’une part importante des professeurs de l’Université de Lausanne avait ou avait eu d’autres membres de leur famille arborant le statut de professeur dans le champ académique eux aussi. Il est dès lors non négligeable de considérer que l’appartenance à une famille académique peut favoriser l’accès ou l’envie d’accéder à un même statut socioprofessionnel.

Les proportions d’appartenance à des familles académiques « faibles » (ayant un membre de la famille dans l’académie mais qui n’est ni le père ni le grand-père) ou à des familles académiques « fortes » (père ou grand-pères professeurs) semblent s’inverser au cours du siècle. S’il était plus courant d’avoir des familles académiques « faibles » durant la première moitié du XXe siècle, cette tendance semble s’inverser avec une deuxième moitié du siècle où c’est la forme de famille académique « forte » qui semble numériquement s’imposer.

Bien que marquée par des ruptures et continuité plus particulière au sein des facultés et durant certaines périodes du siècle, l’ensemble de cette recherche montre la continuité avec laquelle l’élite académique de l’Université de Lausanne se reproduit à travers une appartenance de classe et dans beaucoup de cas par la médiation de familles académiques.

Données, méthode et analyses

Les données

Notre recherche sur les origines sociales et sur les familles académiques des professeurs de l’Université de Lausanne a pour sources primaires un Fichier xls sur les origines sociales des professeurs à partir du Dictionnaire des professeurs de l’Université de Lausanne dès 1890, ROBERT, Olivier, PANESE, Francesco, DELESSERT, André (préf.),  Lausanne : Université de Lausanne, (coll. « Études et documents pour servir à l’histoire de l’Université de Lausanne »), 2000, 1433 p. Et une Fichier xls sur les parcours académiques des professeurs configuré selon leurs fonctions, liens de parenté et appartenances sociales avec lequel nous avons pu croiser les données du premier fichier.

Certaines données qui auraient manquées ont été complétées par nos professeurs dans le cadre de leur précédentes recherches. Ainsi, nous avions donc à disposition les noms des professeurs, leur origine, années, lieu et discipline d’enseignement, parenté et professions. L’ensemble de l’échantillon contient 979 professeurs sélectionnés dans cinq différentes périodes historiques du XXe siècle (1910; 1937; 1957; 1980; 2000). 

L’échantillon

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La méthode et l’analyse

Opérationnaliser les classes sociales des professeurs ?

Comment avons-nous procédé pour établir les origines sociales de l’échantillon de professeurs de l’Université de Lausanne sur lequel nous avons travaillé ? Dans leurs précédentes études, André Mach et Thomas David ont établit une graduation sociale en classant hiérarchiquement diverses professions en fonction de différentes catégories professionnelles. Par là, il nous est possible de déterminer l’origine sociale d’un individu à partir de la profession de son père et donc la catégorie professionnelle à laquelle il appartenait. Chacune de ces catégories professionnelles est ensuite répartie dans quatre classes sociales nommées la « Grande bourgeoise », la « Moyenne bourgeoisie », la « Petite bourgeoisie » et les « Ouvriers/Employés ».

I. Catégories professionnelles 

1. Agriculteur/petits indépendants : Agriculteurs, petits ou gros paysans, artisans indépendants, petits commerçants
2. Professions libérales : Avocats, notaires, médecins, architectes, indépendants, etc.
3. Professions intellectuelles : Pasteurs, enseignants, professeurs d’université, artistes, journalistes
4. Chefs d’entreprise : Directeurs de grandes ou moyennes entreprises, industriels, gros commerçants, administrateurs de sociétés, hôteliers
5. Cadres supérieurs : Fonction de direction dans le privé ou le public (haut fonctionnaire), chef d’unité, chef d’office, procureur, juge fédéral ou cantonal
6. Profession intermédiaires : Employés du secteur privé ou public sans responsabilité et direction de personnel, simple employé
7. Ouvriers : Ouvriers spécialisés ou sans formation

II. Origines sociales

Grande bourgeoisie : Dirigeants et/ou propriétaires d’importantes entreprises, hommes politiques de tout premier plan (p. ex. Conseillers fédéraux), professions libérales ou intellectuelles, issues de grandes familles fortunées ou anciennes familles patriciennes locales (avocats, pasteurs, médecins, prof. d’université), éventuellement certains cadres supérieurs ?
Moyenne bourgeoisie : Dirigeants et/ou propriétaires de sociétés de taille moyenne, notables politiques d’importance régionale, cadres du secteur privé ou public, gros agriculteurs ou agriculteurs ayant exercé des fonctions politiques locales, professions libérales, préfet, juge cantonal, commerçant, hôtelier d’une certaine importance.
Petite bourgeoisie : Hôtelier, petit commerçant, artisan, petit entrepreneur, boucher, boulanger, mais aussi petits paysans, petits indépendants.
Ouvriers/employés : Ouvrier et ouvrier agricole, fonctions intermédiaires du secteur privé ou public, simple employé de banque, petit fonctionnaire, employés des Chemins de fer fédéraux, etc.

Conceptualiser l’idée de « famille académique »

Dans la deuxième partie de notre recherche nous avons cherché à établir dans quelle mesure le fait d’avoir un membre de sa famille qui est professeur renforce le probabilité de le devenir également. Pour cela, nous avons développé le concept de « famille académique ». Ainsi, a été considéré dans notre recherche comme appartenant à une famille académique : tout professeur qui a ou a eu un membre de sa famille (grand-pères; père; frères, soeurs ; oncles; cousin; beau-frères; belles-sœurs, etc.) qui était également professeur d’université à Lausanne ou ailleurs.

L’analyse par statistiques descriptives

Nous avons réalisé une analyse statistique descriptive afin de déterminer et évaluer la variation de différents taux d’appartenances sociales et familiales. Pour notre analyse des origines sociales, nous avons donc déterminé pour chaque année étudiée et pour chaque faculté un taux d’appartenance sociale liée à chaque classes sociales (ex: taux d’appartenance à la Grande bourgeoisie pour les professeurs de la Faculté de Droit en 1937). Nous avons réalisé un même type de taux en ce qui concerne l’appartenance des professeurs à une famille académique par faculté et par année.

Pour analyser la variation de ces taux et donc voir les continuités et ruptures des origines sociales et des familles académiques des professeurs de l’Université de Lausanne, nous avons réalisé différents graphiques permettant d’observer la variation de ces taux. Dans ceux-ci, l’axe des abscisses (X) représente les années du XXe siècle que nous étudions et l’axe des ordonnées (Y) représente les taux (en pourcentage) de professeurs appartenant à telle classe sociale ou à une famille académique. Considérer ces données en terme de « taux » nous permit d’échapper au biais qui serait provoqué par l’augmentation du nombre de professeur dans le courant du siècle. Les pourcentages sont ainsi obtenus par le rapport entre le nombre annuel des professeurs et le nombre qui présente la caractéristique voulue (appartenance à tel classe, appartenance à une famille académique).

Quelques mots sur nos inspirations théoriques

Michael Hartmann est un sociologue allemand qui enseigne à l’Université technique de Darmstadt où ces travaux portent sur une sociologie du management, les réformes de l’enseignement supérieur ainsi que sur ce sur quoi nous nous intéressons, les élites. Son approche s’intéresse particulièrement aux déterminants sociaux dans l’accès à certains postes en s’inspirant d’une sociologie proche de celle de Pierre Bourdieu. Son travail sur

le recrutement des dirigeants des entreprises en Allemagne nous a été d’une grande aide afin de saisir l’importance de la socialisation dans la poursuite d’une carrière, mais aussi et surtout en quoi et comment le champ académique reste relativement autonome d’autres sphères notamment par certaines règles qui lui sont propres et qui permet alors un recrutement vers des classes sociales plus large qu’il ne l’est dans les grandes entreprises industrielles ou bancaire.

Philippe Sarasin est un historien spécialiste de la Suisse qui enseigne actuellement à l’Université de Zürich. Son ouvrage « La ville des bourgeois »[3] est un travail historique et foncièrement sociologique pour comprendre la consolidation et les transformations de la bourgeoisie Bâloise. C’est par une analyse structurelle basée sur des méthodes quantitatives qu’il nous fournit des données chiffrées sur certains phénomènes de reproduction sociale comme la continuité professionnelle entre générations ou en donnant quelques indices d’endogamie sociale. Ses données de la fin du XIXe sur la bourgeoisie de Bâle nous ont permis de saisir une forme de continuité et de fortes similitudes pour ce qui touche à la reproduction de la bourgeoisie intellectuelle pour le canton de Vaud. Il permet en effet une comparaison, même si ses données chiffrées portent de 1896 et 1903, de certaines logiques découvertes que l’on retrouve dans notre travail.

[1] http://www.freiburg.de/korrespondenzen/archiv/2007/fbiomh.htm, Consulté le 18.06.2015

Recherche réalisée par : Roberto Di Capua, Antonin Zurbuchen, Elisabeth Holm, Karim Lasseb.

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