C’est mon travail de mémoire qui a constitué mon premier travail de recherche de fond. La lecture de l’ouvrage phare d’Alain Corbin Le Miasme et la Jonquille (1982), qui m’avait été recommandé par ma directrice de mémoire Marta Caraion, m’a fait prendre conscience que le champ de recherche des études olfactives (Smell Studies en anglais), déjà reconnu mais encore balbutiant, offrait de belles possibilités d’explorations nouvelles. Je me suis tout d’abord centrée sur le leitmotiv des odeurs féminines chez certains grands auteurs du XIXe siècle. Pour approfondir ce sujet, j’ai eu assez largement recours à la littérature académique anglophone, souvent moins cloisonnée que la française, parfois encore héritière de certains préjugés par rapport aux sujets considérés comme “moins nobles”.
Après la défense de mon mémoire, j’ai eu la chance de le publier dans la collection “Essais” de la revue Archipel, dirigée par la section de français de l’UNIL. Le fait de pouvoir valoriser son mémoire sous la forme d’une publication est un bon pied à l’étrier pour le monde de la recherche. Je savais bien cependant que, pour m’engager réellement dans une carrière de chercheuse, il fallait que j’obtienne un poste d’assistante ou une bourse au FNS (Fonds National Suisse pour la recherche).
Pendant mes études, j’ai travaillé comme assistante-étudiante pour Thierry Herman dans le cadre de son enseignement consacré à l’écriture académique à l’université. Par le truchement de Marta Caraion, j’ai bénéficié de mandats ponctuels pour la FDI de la Faculté des lettres (Formation interdoctorale interdisciplinaire), qui consistaient en des travaux de relecture d’actes de colloque avant publication. J’ai eu aussi l’occasion d’effectuer ce même travail de relecture et d’aide à la publication pour des doctorants non-francophones qui rédigeaient une thèse en français. De cette façon, j’ai pu voir de plus près à quoi ressemblait la réalité de la recherche académique.
À la fin de mon mémoire, je me suis portée candidate à un poste d’assistante diplômée à la section de français, en étant cependant consciente que je ne l’obtiendrais pas du fait que l’entrée en fonction était prévue avant la défense. Mais en répondant à la mise au concours, j’allais afficher explicitement mon intérêt à poursuivre en doctorat; je voyais aussi l’occasion de m’entraîner à établir un dossier et à mettre sur pied un projet de thèse.
Heureusement, à peu près au même moment, j’ai obtenu de Thierry Herman une proposition de remplacement à l’Université de Neuchâtel pour une année et demie comme collaboratrice scientifique. J’avais pour tâche d’élaborer et d’animer des travaux pratiques, de corriger les travaux des étudiant·e·s et d’assurer des entretiens personnalisés dans le cadre du cours “Argumenter, écrire et convaincre à l’université”. Pendant la durée de cet engagement, j’ai préparé un dossier de candidature au subside Doc.CH du FNS, qui finance des doctorantes et des doctorants jugés prometteurs dans le domaine des sciences humaines et sociales pendant une durée de deux à quatre ans, instrument d’encouragement malheureusement appelé à disparaître.