2012

Vygotsky as a sign: the role of projective reconstructions in science | L'idée des instruments psychologiques chez Vygotski | Language as a specific problem of «social behaviorism» in the conceptions of G.H. Mead and of L.S. Vygotsky | De la métaphore de l'eau chez Vygotski et chez Saussure: le statut de l'unité d'analyse en psychologie et en linguistique
 

Vygotsky as a sign: the role of projective reconstructions in science

Le 28 mars 2012, 9h30, Château de Dorigny, salle 106  / Conférence de M. Jaan VALSINER, Clark University:

Conférence donnée dans le cadre du colloque Lev Vygotsky entre psychologie, linguistique et sémiotique.

Classic authors in any science or art become fictional characters as their creative efforts acquire relative autonomy that goes beyond their author(s). Discussions of their contributions become camouflaged as if these pertain to real authors, rather than treating them as our PIO-s (Projective Imaginary Others). Lev Vygotsky — aside from others—has been an ideal object for a PIO — a creative person moving across disciplinary boundaries in a layer of mutually embedded social contexts that both enabled and limited his intellectual productivity. History of any science is an act of construction of new sign complexes, the functions of which are to be analyzed as mediating devices of the relationship of a given science at the given time within the demand structure of its semiosphere.

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L'idée des instruments psychologiques chez Vygotski

Le 28 mars 2012, 11h30, Château de Dorigny, salle 106,
Conférence de Mme Janette Friedrich, Université de Genève:


Conférence donnée dans le cadre du colloque Lev Vygotsky entre psychologie, linguistique et sémiotique.

Vygotski fait une distinction entre les instruments utilisés à l’intérieur d’une activité médiatisée (les dits instruments ordinaires) et ceux employés à l’intérieur d’une activité médiatisante (les instruments psychologiques). Selon Vygotski, la maîtrise des instruments ordinaires se base sur la connaissance de leurs emplois, celle-ci peut précéder ou succéder à leur fonctionnement, être détachée et inscrite dans les notices d’utilisation et les manuels. En revanche, l’emploi des instruments psychologiques demande un pouvoir faire qui est engendré et constitué par le sujet en même temps qu’il les utilise. Ce pouvoir faire n’est pas détachable des instruments psychologiques, ni sous la forme d’une connaissance ni sous la forme d’une capacité, pourtant sans lui l’instrument ne fonctionne pas. Dans ce contexte sera introduit le concept de savoir actuel qui est emprunté à un autre psychologue de ce temps, Karl Bühler. Dans l’œuvre du psychologue allemand, l’idée d’instrument peut également être décelée notamment dans sa Théorie du langage (1934) qui présente ce dernier comme instrument médiatisant [mediales Gerät]. Un aspect bien précis retira ici notre attention: nous allons essayer de montrer quel type de savoir est et doit être mobilisé pour que cet instrument bien spécifique qu’est le langage «fonctionne». Une comparaison avec la conception du langage que Vygotski propose dans le dernier chapitre de Pensée et langage sera entamée.

Dans la partie finale seront évoquées les conséquences d’une telle conception de l’instrument psychologique pour l’analyse d’autres objets auxquels s’intéressent la psychologie et les sciences de l’éducation. A titre d’exemple nous allons analyser la conception du lien entre développement et enseignement esquissée par Vygotski.

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Language as a specific problem of «social behaviorism» in the conceptions of G.H. Mead and of L.S. Vygotsky

Le 28 mars 2012, 12h00, Château de Dorigny, salle 106 / Conférence de M. Christian Bota, Université de Genève:

Conférence donnée dans le cadre du colloque Lev Vygotsky entre psychologie, linguistique et sémiotique.

Vygotsky’s endorsement of behaviorism is evidenced in his first published works (1925/1999; 1926/1994; 1926/1997) and it constitutes a reinvestment and extension of the emerging paradigm of objective psychology towards the historical-cultural dimensions of human life. In these texts, Vygotsky rejects the postulates of Cartesian psycho-physical dualism and develops the monistic idea that psyche and its higher-order manifestations like thought and consciousness are in fact a complex refinement of the structure of behavior. In this respect, Vygotsky presents language as a reversible reflex (it is simultaneously an irritant and a reaction), which serves for the collective coordination of behavior. Later on, Vygotsky (1930/2003) developed a different conception of the psyche as an integral part of a psycho-physical unity, on the basis of Spinoza’s monism.

Mead’s dealings with behaviorism are of a more durable nature, in the sense that his endorsement of behavioristic principles lasted for more than 20 years, to the end of his scientific career, although they were also extended in a social direction. Mead’s articles in social psychology put forward a conception of social objects as a large category which encompasses selves (1910a; 1910b), verbal signs (1912; 1925), the objects of collective activities (1925), as well as institutions (1925; 1934). Verbal signs or «vocal gestures» are however the pivot of all other social objects, because they are the only ones to be simultaneously part of external experience (stimulating other organisms) and of internal experience (stimulating oneself), and can thus act as transition mechanisms between the two.

In both cases, the understanding of language as a social object and as a reversible reflex serves to show, in Vygotsky’s words, that «the mechanism of social behavior and the mechanism of consciousness are the same». This understanding emerged only because behaviorism as a scientific framework was taken seriously and was worked out as a resource for formulating specific problems in psychology.

De la métaphore de l'eau chez Vygotski et chez Saussure: le statut de l'unité d'analyse en psychologie et en linguistique

Le 28 mars 2012, 17h15, Château de Dorigny, salle 106 / Conférence de Mme Ecaterina Bulea Bronckart, Université de Genève:

Conférence donnée dans le cadre du colloque Lev Vygotsky entre psychologie, linguistique et sémiotique.

En posant le problème de la méthode de recherche en psychologie (cf. chapitre 1 de Pensée et langage), dont la clarification est considérée par l’auteur comme indispensable pour une approche adéquate des rapports entre pensée et langage, et en critiquant dans ce cadre la méthode d’analyse psychologique procédant par «décomposition des touts psychiques complexes en éléments» (p. 51), Vygotski se sert de la métaphore de l’eau dans les termes suivants: «Il arrive au chercheur qui, voulant résoudre le problème de la pensée et du langage, le décompose en langage et pensée exactement ce qui arriverait à tout homme qui dans sa recherche d’une explication scientifique à certaines propriétés de l’eau, par exemple pourquoi l’eau éteint le feu ou pourquoi la loi d’Archimède s’applique à l’eau, recourrait à la décomposition de l’eau en hydrogène et oxygène comme moyen d’explication de ces propriétés. Il découvrirait avec étonnement que l’hydrogène lui-même brûle et que l’oxygène entretient la combustion, et il ne parviendrait jamais à partir des propriétés de ces éléments à expliquer les propriétés du tout» (p. 51). Utilisée également par Saussure, la métaphore de l’eau sert, là aussi, à dénoncer la non-pertinence de la méthode de l’analyse par décomposition pour l’étude des objets linguistiques: «Les précautions à prendre sont diverses, d’après la nature même de l’objet linguistique [...]. Si sans nous en douter, nous ne prenons qu’un des éléments, une des parties, nous avons aussitôt falsifié l’unité linguistique. [...] On pourrait comparer l’entité linguistique à un corps chimique composé, ainsi l’eau où il y a de l’hydrogène et de l’oxygène <(H2O)>. Sans doute, la chimie si elle sépare les éléments a de l’oxygène et de l’hydrogène mais on reste dans l’ordre chimique. Au contraire, si on décompose l’eau linguistique <en prenant l’hydrogène ou l’oxygène> on quitte l’ordre linguistique <(on n’a plus d’entité linguistique)>» (Constantin, 1910-1911/2005, p. 224).

Le propos de notre intervention est de comparer le statut et l’usage de la métaphore de l’eau chez ces deux auteurs, en tant qu’elle est susceptible d’éclairer, d’une part, la démarche méthodologique considérée comme appropriée pour l’étude des phénomènes psychiques et sémiologiques/lingui-stiques, ainsi que les conditions que devrait remplir l’unité d’analyse relevant de ces domaines; d’autre part, les propriétés structurelles et fonctionnelles des objets psychologiques et linguistiques eux-mêmes, qui sous-tendent la position méthodologique adoptée. Nous tenterons de montrer qu’au-delà des différences entre ces deux auteurs, un ensemble de similitudes sont attestables, dont le rejet de toute perspective dualiste, et l’affirmation de ce que la réflexion à propos des propriétés des objets étudiés et celle à propos des voies d’étude de ces objets sont intimement liées, comme le sont... l’hydrogène et l’oxygène dans ce qu’on pourrait appeler «l’eau épistémologique».

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