319 (2022/4) Lyre multimédia. Nouveaux objets pour la critique de la poésie - Édité par Antonio Rodriguez et Kirsten Stirling

Des objets lyriques inédits apparaissent avec les mutations technologiques. Ils transforment l’écriture tout comme la manière d’interagir. La poésie à l’ère multimédia relance ainsi la critique et permet de reconsidérer plus largement l’histoire de la poésie sur de nouvelles bases.

Au lieu d’un auteur qui exprimerait directement ses émotions, la création est souvent menée à plusieurs, parfois avec des artistes, des musiciens aussi bien qu’avec des techniciens, des ingénieurs; par le biais d’applications ou de supports distincts.

Il se pourrait alors que la «lyre multimédia» se cache là où nous l’attendons moins, mais où elle se rend particulièrement visible, audible, prête à retentir au quotidien.

ZOOM SUR L’OUVRAGE

SOMMAIRE

Antonio Rodriguez, Kirsten Stirling — Quels nouveaux objets pour la critique du lyrique? (p. 7-16)

Texte intégral disponible sur OpenEdition Journals

Objets lyriques: les documents

Kirsten Stirling — The Lyric Eye: Self-Representation in the Early Modern English Portrait-Poem (p. 19-36)

Through a discussion of a number of early modern poems on portraits, this essay addresses questions related to representation on several levels. Many of these poems focus on the question of likeness: to what extent a painted portrait may truly represent its object. At the same time, the ekphrastic genre inevitably invites the age-old question regarding to what extent the written word can adequately capture the medium of visual art. The essay will focus particularly on John Donne’s love elegy “His Picture” which addresses both these aspects of the question of representation. Donne’s problematisation of the possibility of a true painted likeness reflects back on the question of verbal representation and on the difficulty – indeed impossibility – of ever fully pinning down the speaking self of his verse.

Philip Mills — Pour un bricolage lyrique: Mon Oiseau bleu de Philippe De Jonckheere (p. 37-54)

La notion de «documents poétiques» a vécu un regain d’intérêt critique et poétique ces dernières années, se développant notamment de manière multimédia grâce à une accessibilité toujours plus grande aux images et aux textes. Alors que cet usage du document en littérature, et même plus spécifiquement en poésie, a traditionnellement produit des oeuvres à caractère narratif ou critique, peut-on également parler de traitement lyrique du document? Le caractère «objectif» de celui-ci ne forme-t-il pas un obstacle insurmontable au lyrique? Par une étude de Mon Oiseau bleu de Philippe De Jonckheere, cette contribution vise à montrer que le lyrique peut surgir de l’usage du document en poésie, en particulier si l’on pense celui-ci en termes de bricolage.

Adela Sophia Sabban, Ralph Müller — Mediality, Materiality, and Multimodality in Erasure Poetry: The Example of Hawkey & Wolf (p. 55-74)

This article considers the “erasure poetry” of Uljana Wolf and Christian Hawkey, who revise Elizabeth Barret Browning’s sonnets and their translation by Rainer Maria Rilke, and argues that the genre is not a purely textual phenomenon, but polyvalent in terms of mediality and multimodality. Through the analysis of a pair of bilingual sonnets (English and German), we highlight different aspects of “erasure poetry”: the intertextuality linked to the erasure of features of the source texts, the new relations created between the English and German versions of the sonnets, and the particular visual aspect which foregrounds material aspects of the text and the printed book.

Objets lyriques: les incarnations

Philip Lindholm — “A Light in Sound, a Sound-Like Power in Light”: Poetry, Synaesthesia & Multimedia (p. 77-104)

Synaesthesia is a neurological phenomenon of cross-modal perception in which stimulation of one sensory pathway results in automatic, simultaneous, involuntary experiences in a second sensory pathway, such as the perceiving of sound as a colour. Creatively employed as a literary trope, synaesthesia involves the blending of different sense modalities, often in the form of figurative language. Exploring the interrelationship of synaesthetic aesthetics and experimentation from a historical perspective, this essay traces the transgressive artistic impulse to blur sensorial boundaries through technical innovation from the eighteenth-century audio-visual experiments of Louis Bertrand Castel’s ocular harpsichord (clavecin pour les yeux) to twenty-first century LED colour organs, speech coding, and Augmented/Virtual Reality interfaces used in multisensory art exhibitions. By outlining a few of the major historical developments of synaesthetic theory and poetics as well as some of the diverse immersive experiences made possible through original combinations of discrete sensory channels via transmedial artistic experimentation, the present paper aims to demonstrate how synaesthesia – located at the interface of literature and neuroscience, sensation and ideation, mind and body – might also fruitfully be explored in relation to lyric poetry at the interface of multisensoriality and multimedia.

Ezra Sibyl Benisty — The Gendered Fabric of Poetry: Clothing the Text in the Work of Mary and Philip Sidney (p. 105-128)

Both Mary and Philip Sidney describe the poetic text as “embodied” – and not only a body, but a clothed body. Through textile metaphors and references to the arts of weaving and embroidering, Mary Sidney’s dedicatory poem “Even now that care” and her brother’s Defence of Poesy insist on the materiality of the written word in multiple senses. This paper explores how the fabric of poetry and its different layers, as imagined by the Sidneys, contributes to an understanding of the role, as well as the gendered representation, of the poet – and of the translator. In this context, the Sidney’s joint translation of the Psalms, completed by Mary after her brother’s death, provides a detailed perspective on the status of the translated text, dressed, as it were, in new clothes.

Gustavo Guerrero, Gabriela Lázaro — Anthologie Lit(e)Lat: De nouvelles façons de produire et d’indexer la poésie lyrique (p. 129-148)

Le caractère délocalisé de la poésie électronique au sein du marché de l’édition lui permet de rompre avec les anciens canons et d’explorer d’autres territoires, tout en créant de nouvelles subjectivités, de nouvelles façons de voir le monde. Quelle est la place de la poésie lyrique dans ces nouveaux paradigmes multimédias? Comment une anthologie multimédia en ligne peut-elle donner un aperçu du canon de la littérature électronique latino-américaine? Nous nous pencherons sur ces questions en les examinant à travers l’anthologie Lit(e)Lat (http://antologia.litelat.net/) et plus spécifiquement à travers certains poèmes d’Ana María Uribe, Belén Gache, Diego Bonilla et Gustavo Romano. Nous réfléchirons également à la manière dont la région latino-américaine s’adapte et innove en termes de diffusion et d’archivage de la poésie dans des formats numériques.

Melina Marchetti — La métaphore structurante dans le clip de rap. Analyse multimédia de Phoenix de Tiers, Helsinki de Dinos et Macarena de Damso (p. 149-168)

Le numérique transforme les pratiques, les enjeux et le statut de la métaphore poétique dans divers médias et interactions. Les clips de rap offrent un cas emblématique de cette transformation. La présente étude se concentre sur trois clips de rap francophone, Phoenix de Tiers (réal. Jean-Luc Herbulot), Helsinki de Dinos (réal. Aldo Hachem) et Macarena de Damso (réal. M+F), qui se structurent en métaphores augmentées par le multimédia. Loin d’être de simples adaptations, traductions ou extensions de la métaphore rhétorique textuelle, ces clips apportent une diversité d’analogies métaphoriques structurant le sens des trois oeuvres. L’analyse se concentre sur une approche cognitiviste, qui permet de concevoir ces trois clips comme des structurations métaphoriques entre occurrences et réseaux.

Antonio Rodriguez — L’interaction lyrique dans les films. Les séquences transmédiales dans les fictions et les documentaires (p. 169-192)

Cette étude sort du contexte des avant-gardes ou des films expérimentaux, qui ont suscité de nombreux commentaires sur une teneur «poétique», pour ancrer des définitions plus opératoires à partir de «séquences» de films, souvent hollywoodiens, largement diffusés. Il s’agit de mieux distinguer les séquences «poétiques», centrées sur un poème multimédia, des séquences élaborées avec un montage «lyrique», qui peuvent ou non s’appuyer sur un texte. Après des études de cas, cet article montre en quoi les attributions de «poétique» ou de «lyrique» relèvent moins des seules caractéristiques des «objets» que d’une «intentionnalité», qui implique des modes de relation ou d’interaction plus spécifiques. À la manière de Cavell ou de Laugier pour la philosophie, «l’esthétique de l’ordinaire» du cinéma apparaît alors pour la poésie et le lyrique comme une éducation première hors du livre.

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ISBN 978-2-940331-80-2

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