231 (1992/2) Figures grecques de l'intermédiaire

SOMMAIRE

Claude CALAME - Avant-propos (p. 1-2)

Christine YERLY - Figures du tyran archaïque: entre le monstre et le sage (p. 3-32)

La littérature grecque offre une image très contrastée des tyrans archaïques. Les premiers poètes à avoir utilisé le terme de τυραννος ne l’ont pas connoté de façon péjorative, ne le distinguant pas toujours du mot qui désignait le roi. Chez les poètes suivants, Alcée notamment, le tyran va être de plus en plus déprécié, non pas vraiment à cause du type de pouvoir qu’il représente, mais plutôt parce qu’il va à l’encontre des valeurs et des intérêts personnels du poète qui le critique, ainsi que de son entourage. Parallèlement, dès le VIe siècle, se développe la tradition des Sept Sages, qui fait de certains tyrans des hommes politiques éclairés. Les auteurs classiques ne vont pas atténuer l’ambivalence de cette figure. Souvent présenté comme un despote qui monopolise le pouvoir à des fins égoïstes, le tyran sert de contre-exemple à la cité démocratique dont il est exclu. Mais d’autre part, l’historien Thucydide lui reconnaît une fonction transitoire entre un régime oligarchique et un régime constitutionnel. Personnage hors-norme, externe et interne à la cité, le tyran a été pour les auteurs anciens une figure paradoxale par excellence.

Pierre VOELKE - Ambivalence, médiation, intégration: à propos de l’espace dans le drame satyrique (p. 33-58)

Depuis Vitruve, l’espace du drame satyrique est décrit en termes d’extériorité et d’éloignement. Ce caractère, que nous redéfinissons ici à travers la notion de décentrement, ne fait pas pour autant de l’espace satyrique un domaine de l’altérité qui s’opposerait à une sphère de l’identité. Nous essayons au contraire de mettre en évidence l’ambivalence d’un espace qui tout à la fois met en question les limites et opère une médiation entre des domaines réputés distincts. L’examen des rapports entre espace dramatique et espace de représentation met à jour une ambivalence d’un second type, définie comme intégration d’un espace de médiation au sein d’un espace de l’identité.

Claude CALAME - Espaces liminaux et voix discursives dans l’Idylle I de Théocrite: une civilisation de poète (p. 59-86)

Les poètes de l’époque hellénistique sont les maîtres en création d’univers littéraires par le recours à l’effet de réel. C’est en particulier le cas de Théocrite qui, dans l’Idylle I, construit un monde fictif composé d’éléments empruntés aux paysages pastoraux, à un ensemble de représentations sociales, à la tradition littéraire et au passé légendaire. Une analyse des différentes voix discursives qui se font écho dans le poème devrait montrer non seulement comment cet univers est articulé, notamment sur le plan spatial, mais surtout quel en est le statut poétique et symbolique. La civilité bucolique des bergers poètes se révèlera jouer sur plusieurs marges de la civilisation traditionnelle.

Maurice CHAPPAZ, Eric GENEVAY - Théocrite: Thyrsis le chanteur de Daphnis (p. 87-102)

Cette version française de Thyrsis, revue à l’occasion de l’étude qui précède, est extraite du recueil Théocrite. Toute l’Idylle, paru aux éditions La Différence (collection Orphée, bilingue, Paris, 1991), qui fait suite à l’édition Castella illustrée par Palézieux (Albeuve, 1983).

Anne Julia VOILLAT SAUER - Entre exotisme et héroïsme: les Celtes de Posidonios (p. 103-122)

A l’époque hellénistique, le nombre de peuples barbares connus des Grecs a beaucoup augmenté; la quantité d’écrits consacrés à la description de leurs territoires et de leurs coutumes a crû parallèlement. Les Keltika de Posidonios d’Apamée, description du sud de la Gaule et de ses habitants, prennent place parmi les plus achevés de ces écrits «ethnographiques». Le philosophe stoïcien étudie le territoire, l’aspect, les coutumes des Celtes avec une précision remarquable. Cette peinture n’est toutefois pas qu’un simple compte-rendu ethnographique: en décrivant les Gaulois, Posidonios se démarque du schéma traditionnel opposant radicalement les Grecs et les Barbares. En accord avec sa conception de l’histoire de l’humanité, il attribue aux Celtes une place qui n’est plus totalement extérieure au monde grec, et qui ne se définit pas par une altérité exclusive: ainsi, Posidonios décrit certaines coutumes celtiques en les assimilant aux mœurs grecques. Pour le philosophe stoïcien, les frontières géographiques et culturelles qui peuvent séparer les peuples importent peu en comparaison de ce facteur essentiel d’humanité qu’est la possession du Logos.

Danielle VAN MAL-MAEDER - Les détournements homériques dans l’Histoire vraie de Lucien: le rapatriement d’une tradition littéraire (p. 123-146)

Parce qu’ils constituent l’objet aussi bien que l’instrument de la satire de Lucien, les poèmes homériques occupent dans l’Histoire vraie une place doublement centrale. Car si l’épopée se voit rejetée à la périphérie par le regard critique, elle n’en demeure pas moins, au cœur de l’œuvre, l’ossature autour de laquelle se construit le pastiche de Lucien. Alors que dans la littérature antique invention et mensonges ressortissent traditionnellement à la poésie, le sophiste de Samosate se sert encore d’Homère comme d’un garant pour leur donner, dans sa prose historiographique, la place d’honneur.

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