275 (2006/4) Entre tradition et nouveauté. Pour un aperçu actuel de la recherche en histoire de l'art en Suisse - Edité par Denise Zaru avec Jan Blanc, Marco Costantini et Filipe Dos Santos, coordination Christian Michel

Issu d'un colloque de la relève organisé à l'UNIL, du 14 au 15 janvier 2005, cet ouvrage présente un panorama aussi complet que possible des recherches menées dans les principales sections d'histoire de l'art des Universités suisses. Il s'agit aussi d'y rendre compte des problématiques et des enjeux, nouveaux ou renouvelés, de la discipline, en encourageant les échanges et les discussions entre les institutions académiques, muséales et marchandes.Prenant pour objet la production artistique européenne du XVe siècle à la période la plus contemporaine, les études présentées montrent une grande diversité dans le choix des méthodes (théorie de l'art, «intermédialité», catalogues raisonnés, représentations socio-politiques) et des techniques (dessin, peinture, cinéma, photographie, performances). Plusieurs articles permettent de faire le point sur l'oeuvre d'artistes réputés (László Moholy-Nagy, Félix Vallotton) ou encore peu étudiés (Joseph de Bray, Hans Blum, Girolamo Bonsignori, Vanessa Beecroft).

SOMMAIRE

Avant-propos de Christian MICHEL, Jan BLANC et Denise ZARU (p. 3-10)

Thomas HAENSLI - Exacta descriptio atque delineato - Remarques sur la fonction attribuée aux illustrations dans le traité de Hans Blum Von den fünff Sülen grundtlicher bericht (p. 11-30)

Le traité de Hans Blum Von den fünff Sülen Grundtlicher bericht, paru en 1550 à Zurich (imprimerie Froschauer), constitue l'un des premiers exemples de la réception de la théorie de l'architecture italienne du XVe et du XVIe siècle, soit principalement de la théorie de l'architecture teintée d'humanisme, dans l'espace culturel germanophone. En réduisant la théorie de Vitruve à la question des ordres et en l'isolant du contexte du temple antique, le traité de Blum fonde par là-même un nouveau type de nordisches Säulenbuch. Il se situe donc au tout début d'une longue tradition de livres de théorie de l'architecture en allemand, consacrés à ce thème, et il a fait l'objet jusqu'à la fin du XVIIe siècle d'une grande diffusion. Les éléments centraux de ce traité sont, sans doute, ses illustrations et la fonction tout à fait nouvelle qui leur est attribuée ainsi que leur nouveau rapport au texte. Grâce à ses illustrations, le traité de Blum a eu une influence évidente sur la réception des ordres vitruviens dans l'espace germanophone de même que sur la pratique de construction.

Denise ZARU - Une étrange Annonciation : les volets d'orgue de l'église de S. Pietro Martire à Murano de Girolamo Bonsignori (p. 31-64)

Les collections du Musée G. B. Cavalcaselle, à Vérone, possèdent deux volets d'orgue, représentant une Annonciation, peints par Girolamo Bonsignori et originairement destinés à l'église dominicaine de S. Pietro Martire à Murano. L'article qui suit complète, dans un premier temps, à l'aide de documents d'archives inédits, les informations sur le parcours de ces toiles avant leur entrée dans le musée véronais. Il apporte également des éclaircissements sur les circonstances de la commande et la datation de ces peintures, permettant de fixer une date post quem, 1520, pour leur réalisation. La deuxième partie est consacrée à l'explication de la présence totalement inhabituelle du personnage de Judith, sous la forme d'un faux bas-relief peint en monochrome, dans la scène de l'Annonciation. Davantage qu'une simple préfiguration de la Vierge, sa présence s'éclaire par le sens particulier que ces deux thèmes ont pour la ville de Venise. Enfin, une réflexion plus générale sur la signification des représentations picturales des architectures et de leurs ornements, développée à partir de l'exemple muranais, conclut cette étude.

Jan BLANC - Ut pictor coquus. Autour de l'Éloge du Hareng mariné (1656) de Joseph de Bray (v. 1630-1664) (p. 65-94)

À travers l'étude de l'Éloge du hareng mariné (Dresde, Staatliche Kunstsammlungen) peint par Joseph de Bray, cet article se propose, en se fondant sur l'analyse formelle et iconographique de l'oeuvre, mais aussi de son contexte de production et de ses références, de reconstituer un certain nombre de ses présupposés théoriques et pratiques, et de montrer comment le genre de la nature morte se codifie au XVIIe siècle, à partir de référents et de modèles sensiblement différents de ceux des genres plus prestigieux et reconnus.

Katia POLETTI - Vallotton et la photographie : arrêt sur image (p. 95-118)

Paru en mars 2005, le catalogue raisonné de l'oeuvre peint de Félix Vallotton a permis de mettre à jour les sources visuelles de certains tableaux. Dans ce cadre, la relation entre la peinture de Vallotton et la photographie s'est révélée particulièrement intéressante. À l'aide de trois exemples - un portrait d'Émile Zola par Nadar, un cliché représentant une femme nue paru dans la revue L'Étude académique et enfin un instantané réalisé par Vallotton, mais conservé dans les archives Vuillard, nous tenterons de comprendre comment - dans le portrait, le nu et le paysage - la photographie s'intègre dans le processus créatif du peintre. Nous verrons qu'elle ira jusqu'à l'assujettir à une vision particulière, où elle n'est plus seulement un document à l'origine d'un tableau, mais un moyen d'expression dont le peintre exploitera le langage particulier, générateur de formes picturales nouvelles.

Marco COSTANTINI - Vanessa Beecroft : l'immobilité comme geste (p. 119-146)

En 2003, le Castello di Rivoli a présenté la première rétrospective de l'artiste d'origine italienne Vanessa Beecroft, soit dix ans de carrière. Si ses performances, qui durent plusieurs heures, peuvent paraître mystérieuses, voire inquiétantes, par le fait qu'elles ne consistent qu'en l'exhibition de femmes souvent peu vêtues, immobiles et silencieuses, elles délivrent paradoxalement une masse d'informations importantes sur des considérations autobiographiques et parfois contextuelles. Ainsi, à chaque performance, l'intime se lie à la fiction et le tableau vivant devient une sorte de métaphore de l'artiste. Si le point de départ de ces performances est pour Vanessa Beecroft une «extériorisation» de sa pathologie anorexique, les corps contraints qu'elle met en scène nous présentent l'immobilité comme un geste fort, porteur d'une dialectique propre, et comme un état d'équilibre dans lequel le corps serait suspendu, entre la vie et la mort.

Jan SAHLI - Intermediale Forschung zwischen Film- und Kunstwissenschaft: Zu Lásló Moholy-Nagys Filmwerk und Theorie (p. 147-164)

L'étude qui suit présente les conclusions d'un travail de doctorat interdisciplinaire, achevé en 2003, qui croise l'histoire du cinéma et l'histoire de l'art*. Consacrée à l'oeuvre cinématographique et aux écrits théoriques de l'artiste, théoricien et maître du Bauhaus, d'origine hongroise, László Moholy-Nagy (1895-1946), elle situe son oeuvre cinématographique dans le contexte plus large de sa pratique artistique, théorique et pédagogique, en montrant quels sont ses points de repère les plus importants dans les domaines de l'histoire de l'art et du cinéma. Ses films montrent une forte interaction esthétique avec la photographie, le photogramme et la peinture ainsi qu'une volonté de dépasser les frontières entre les différents médias. Au coeur de la pratique artistique de Moholy-Nagy, se trouvent l'idée d'un élargissement de la perception sensible et l'aspiration à un élargissement des sens par l'art, qu'il s'agisse de peinture, de photographie ou de film.

Heike ENDTER - Ökonomische Utopien und ihre visuelle Umsetzung in Science-Fiction Filmen (p. 165-178)

À côté des utopies techniques, les films de science-fiction présentent également des utopies sociales, et parmi celles-ci des utopies économiques. En marge de la question de la représentation des futurs principes économiques de l'humanité, se pose celle non moins importante des moyens de l'analyse de celle-ci. La visibilité constitue pour les historiens de l'art une voie d'approche possible aux oeuvres cinématographiques. Mais cette dernière n'est bien évidemment qu'un aspect d'une oeuvre filmique, à côté de la dimension sonore. Dans les films, paroles et images sont étroitement liées. Ce lien est essentiel pour la codification de l'image et la transposition d'une oeuvre écrite ou plus généralement pour celle d'idées dans une forme visuelle. Cela est également vrai du point de vue opposé, à savoir la description verbale d'un phénomène visuel. C'est à l'analyse de ce lien entre le visible et le verbal que cet article est consacré.

Antoinette MAGET - D'un décalage de la prise de conscience face au patrimoine. Approche législative en France et en Égypte (p. 179-196)

La protection du patrimoine dans le domaine de la circulation des biens culturels et dans celui du respect du patrimoine bâti est un acte dont le développement suit, selon les pays et les cultures, un développement faussement synchrone qui dépend notamment de l'appréhension du concept de conscience patrimoniale. L'analyse purement sémantique de ce terme permet de cerner une notion floue aux enjeux multiples en la rapprochant de l'idée d'une «connaissance volontaire et protectionniste de biens liés à notre passé dont la transmission se doit de se réaliser dans les meilleures conditions». L'exercice de ce respect et de cette transmission s'octroie les services de la législation, dont les dispositions évoluent au cours du temps et dont l'application dépend des territoires et de l'attachement aux objets. S'il apparaît que certains pays dits «sources» présentent déjà très tôt des textes et des organes s'apparentant à ceux présents dans les pays «récepteurs», leur considération par les habitants et le gouvernement d'une part, par les États demandeurs d'autre part, n'est pas égale.

ADRESSES DES AUTEURS (p. 197-198)

ÉTUDES DE LETTRES. TABLE DES MATIÈRES 2006 (p. 199-202)

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ISBN 978-2-940331-12-3

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