Grossen Michèle

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Michèle Grossen
Nommée professeure honoraire de la Faculté des SSP

(août 2020)

Si Michèle Grossen nous quitte aujourd’hui en tant que Professeure ordinaire, elle rejoint de fait la Faculté des Sciences sociales et politiques de notre Université en tant que Professeure Honoraire. Depuis bientôt 30 ans, elle a activement contribué au monde académique, tout d’abord comme professeure associée à l’Université de Neuchâtel, puis, depuis 1994, à l’Institut de Psychologie de l’Université de Lausanne, comme professeure ordinaire en psychosociologie clinique.

Voici quelques éléments de son parcours qui mettent en évidence les principaux axes d’intérêts qui l’ont animée tout au long de sa carrière. Elle obtient en 1979 une licence en psychologie clinique à l’Université de Genève, puis un diplôme en psychologie clinique, dans cette même université. Elle commence une thèse de doctorat à la Faculté des Lettres de l’Université de Neuchâtel, d’abord comme assistante diplômée puis comme chercheuse FNS. En parallèle, elle a travaillé pendant 10 ans en tant que psychologue à l'Office Médico-Pédagogique Neuchâtelois. Suite à sa thèse, elle a été nommée chef de travaux à l’Université de Neuchâtel, en Faculté des Lettres.

Pour contextualiser l’orientation de ses recherches, il convient de rappeler l’importance de Jean Piaget dont l’influence sur la psychologie du développement a été décisive, que ce soit au niveau local, national ou international. S’inscrivant dans la mouvance post-piagétienne, Michèle Grossen a tout d’abord travaillé sur le rôle des interactions sociales entre enfants dans le développement cognitif à la suite des travaux de la professeure Anne-Nelly Perret-Clermont, sa directrice de thèse à l’Université de Neuchâtel. Elle a ensuite mené des recherches sur les liens entre communication et cognition en s’inspirant fortement de l’apport du psychologue norvégien Ragnar Rommetveit, un des premiers chercheurs à insister sur le rôle du langage et de la communication dans le développement cognitif. Elle obtient ainsi le grade de Docteure ès Lettres (psychologie) de l’Université de Neuchâtel pour son travail intitulé « La construction sociale de l'intersubjectivité entre adulte et enfant en situation de test ».

Par la suite Michèle Grossen a contribué au développement d’une approche interactionniste et dialogique de la psychologie humaine, en s’appuyant notamment sur des auteurs classiques comme Lev Vygotski, George Herbert Mead et Mikhail Bakhtine. De nature interdisciplinaire, cette approche insiste sur la nature intrinsèquement intersubjective de la psyché, sur la dimension culturelle et sociale de la cognition humaine, et sur le caractère « situé » de l’activité humaine. Toujours centrées sur l’étude de situations de communication en milieu institutionnel, les recherches de Michèle Grossen se sont dès lors portées sur différents types d’activités, par exemple, la situation de test, les « premiers » entretiens entre thérapeute et patients, le suivi de familles en protection de l’enfance, les activités d’enseignement-apprentissage à l’école, la collaboration entre patients et professionnels dans la gestion du diabète ou les processus interactifs et discursifs dans les focus groups. De nombreux projets de recherche menés grâce à des financements externes, en particulier du Fonds national de la recherche scientifique – FNS, l’ont amenée à collaborer avec plusieurs chercheurs suisses, comme Nathalie Muller Mirza (Université de Lausanne puis Genève), Tania Zittoun (Université de Neuchâtel), les prof. Francesco Panese et Bernard Burnand pour ne citer qu’eux. Au niveau international, elle a aussi collaboré avec des collègues de nombreux pays. Dès 2014, grâce au soutien de la Fondation Leenaards, de la société scientifique EARLI (European Association for Research on Learning and Instruction) et du FNS, elle développe, en collaboration avec plusieurs équipes de chercheurs, des travaux sur le vieillissement, du point de vue de la psychologie socioculturelle. Par ailleurs, ses activités de recherche ont permis à de nombreux chercheurs de réaliser leur thèse sous sa supervision dans le domaine de la santé, du développement cognitif et de l’apprentissage.

Michèle Grossen a également beaucoup contribué à la bonne marche de notre Faculté. Elle a été directrice ou membre de plusieurs comités scientifiques de cursus d’étude comme le Diplôme de psychologie, le DESS de psychosociologie clinique, le MAS de psychosociologie clinique et, dernièrement, le MAS de psychologie de la santé. Elle a également occupé de nombreuses fonctions et dirigé ou participé à de très nombreuses commissions. Ces fonctions sont trop nombreuses pour être mentionnées ici mais pour illustrer son engagement, relevons qu’elle a été deux fois vice-doyenne de la Faculté des SSP (1998-2000 et de 2010-2012) et qu’elle a aussi été directrice de l’Institut de Psychologie (ad intérim 1997-1998, puis 2001-2006). Notre collègue était reconnue pour son intégrité, son attention à l’expression de la diversité des points de vue et au bien commun, et son franc-parler.

Michèle Grossen a représenté une approche qui a contribué de manière importante à la formation des étudiants et étudiantes en insistant notamment sur l’importance d’étudier les individus et les groupes en contexte, et de les considérer dans leurs relations sociales et psychologiques avec les autres (individus, groupes, institutions). Dans un dialogue toujours riche et ouvert, elle a ainsi su apporter à ses étudiant·e·s et collègues ses connaissances approfondies des dynamiques des interactions humaines.

 

Prof. Christine Mohr – directrice de l’Institut de Psychologie, Université de Lausanne
Prof. Nathalie Muller Mirza - Faculté de Psychologie et Sciences de l'Education, Université de Genève

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