193 (1982/2) Littérature française

SOMMAIRE

Claude REICHLER - Avant-propos (p. 1-2)

Danièle SALLENAVE - Sentiment de la nature et mélancolie des ruines (p. 3-5)

Arnaud TRIPET - Aspects de l'altérité baudelairienne (p. 7-16)

La présente étude tente de dégager différentes modalités de l'altérité chez Baudelaire. La relation du sujet à l'objet est double: tantôt le poète perçoit l'extériorité comme une réalité où il se perd, tantôt comme une image au contour précis, dont l'esprit veut saisir le sens. Maints poèmes des Fleurs du Mal enregistrent le passage d'un type d'altérité à l'autre. Contrairement aux conclusions de certaines thèses modernes (Sartre, Bersani), Baudelaire est vu comme un moi qui prend forme et se constitue dans ce rapport au monde. Son expérience apparaît comme une solution esthétique où la «lecture d'autrui» dans les mythes créés par l'œuvre personnelle et la perception des mythes dans l'œuvre des autres, élaborent une véritable poétique de la fraternité.

Louis MARIN - Le lieu du point? Pascal (p. 17-38)

L'auteur parcourt les fragments dispersés des Pensées (et, à l'occasion, d'autres écrits pascaliens) en se laissant guider par les mots lieu et point. Se déploie alors une réflexion sur le sujet, le sens, l'éthique et le politique, les figures qui rythment l'anthropologie de Pascal. Du «point indivible» assigné par la perspective dans la représentation, on passe au «point fixe» de l'opinion commune dans la morale, pour aboutir au «point dynamique» de l'habile et le dissoudre finalement dans le lieu unique de la théologie eucharistique.

Michel DENTAN - Moravagine et l'effacement du sujet (p. 39-52)

Partant du fait que Moravagine est le récit d'une folie, on peut être tenté, puisque la folie s'y donne comme subversion et absolu désordre, de voir dans le discours narratif lui-même, dans son désordre, ses bouffonneries, ses ruptures avec les normes du genre narratif, un discours fou. L'objet de la présente étude est au contraire, d'abord, d'écarter le plus possible une telle manière de voir. On s'est donc appliqué à décrire les modèles et les stéréotypes qui organisent le texte et en assurent la lisibilité, quitte à y percevoir, en fin de compte, dans la troublante interférence de rhétoriques incompatibles, une faille irréductible.

Pierre-Paul CLÉMENT - Le texte-tabernacle, à propos de la «Dixième promenade» de J.-J. Rousseau (p. 53-63)

Ce récit, qui ne répète pas celui des Confessions, suggère une relation amoureuse épurée, où la rencontre avec l'autre ne menace pas l'altérité d'un moi essentiellement narcissique, dont la crainte est «de se voir à la discrétion de l'autre» (O. C. III, 181; Vaughan I, 184). Le texte garde trace du dernier désir de l'écrivain: se disculper d'avoir renoncé au Paradis et à l'âme sœur pour s'engager dans la carrière des lettres.

Jean-Daniel GOLLUT - Un exercice de style? (p. 65-76)

A l'instigation de Raymond Queneau («Des Récits de rêves à foison», Les Cahiers du chemin n° 19, 1973), un regard sur le récit de rêve comme modèle narratif caractérisé. La lecture des contenus (thématique, symbolique, psychanalytique) s'est trouvée jusqu'ici privilégiée. Usant d'un léger subterfuge, Queneau rappelle l'attention sur la forme du discours: «un minime effort de rhétorique» suffit à transformer en «rêve» n'importe quel événement du quotidien vigile! Peut-on dégager les principes de cet autre «exercice de style»?

Françoise GAILLARD - Le réel comme représentation (p. 77-90)

Commentant un passage de Bouvard et Pécuchet, dans lequel les deux personnages, déçus par les ouvrages érudits et désespérant de pouvoir connaître la réalité, se mettent à lire des romans historiques, l'auteur ouvre une réflexion sur la question du réel, de sa représentation, sur celle des conditions qui président à la connaissance, sur le rôle de l'imagination dans le savoir. On découvre que la fiction «réaliste», loin d'être une imitation de la réalité, la produit selon ses règles propres.

Claude REICHLER - L'alphabet des nourrices (p. 91-109)

Certains contes merveilleux se distinguent des autres par le fait qu'ils s'adressent aux enfants. On propose ici une réflexion sur ces contes, de ceux de Perrault à ceux d'aujourd'hui (dont beaucoup sont dus à des écrivains célèbres). La nourriture et la parole, le langage magique, l'initiation, le deuxième degré et la réflexivité réunissent et opposent récits modernes et traditionnels. Posant le problème des fonctions d'une forme symbolique, cette étude esquisse une perspective pour l'anthropologie culturelle.

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