202 (1984/3) Actes du colloque Stendhal tenu à Lausanne le 18 novembre 1983

SOMMAIRE

Jean ROUSSET - Les échanges à distance (p. 3-12)

Ayant constaté la récurrence, dans la plupart des récits stendhaliens, de la mise à distance réciproque des partenaires amoureux, j'examine la suite logique de cette situation: l'échange désiré mais contrarié; et ce qui doit en résulter: les ruses de la communication et les irrégularités soit du message lui-même, soit de sa circulation.

Jacques GENINASCA - Le dialogisme intratextuel chez Stendhal (p. 13-26)

L'étude qui suit reprend, en la développant considérablement, une partie de l'exposé que j'ai présenté au «Colloque Stendhal» organisé à Lausanne, au mois de novembre dernier. Elle s'inscrit dans le cadre d'une recherche en cours sur les manifestations dialogiques de l'esthétique dans les discours littéraires. Une page tirée de Rome, Naples et Florence s'y révèle, quand on la soumet à une analyse de type sémiotique, sous les dehors du «naturel», comme l'expression, dans une écriture aussi rigoureuse que celle de la poésie moderne la plus «hermétique», de la poétique stendhalienne.

John E. JACKSON - Les silences de Stendhal (p. 27-38)

Sur la base d'un passage emprunté à la première page d'Armance, cet article tente de révéler une structure narrative constante. Stendhal omet en effet de manière systématique d'aborder la question de l'origine de ses héros. Cette omission crée un vide qui suscite de la part du lecteur une collaboration accrue dans la construction de la psychologie du personnage. En s'appuyant sur un aveu de la Vie de Henry Brulard, cet essai cherche ensuite à suggérer que ce vide est en rapport avec l'expérience à la fois enivrante et traumatisante du rapport oedipien et du décès maternel à la suite duquel l'enfant entra définitivement dans le monde des signes trompeurs.

Michel DENTAN - Le lecteur idéal de Henry Brulard (p. 39-46)

Tout au long de la Vie de Henry Brulard, Stendhal s'adresse avec une remarquable insistance à son lecteur posthume, comme à un lecteur idéal, désiré et nécessaire. Mais en même temps, il manifeste une singulière désinvolture (ne serait-ce que par les cryptogrammes) à satisfaire aux conditions d'une communication réussie avec ce lecteur futur. Dès lors, quelle sorte de compréhension attend-il de cette instance à la fois désirée et négligée? C'est la question que les lignes ci-dessous voudraient approfondir, pour lui apporter une réponse possible.

Patrice THOMPSON - La musique et les idées de génie (p. 47-62)

Les sensations que procure la musique entrent dans l'écriture stendhalienne de façon assez particulière. Elles tendent à composer avec d'autres éléments récurrents de cette écriture, en particulier les idées de génie, des figures assez stables, fondées sur le principe d'équivalences dont la nécessité n'est pas évidente. Si l'on poursuit l'analyse, on voit que ces équivalences reposent en fait sur des rapports de durée qui permettent d'imaginer un stade préverbal de l'écriture. Mais ces rapports de durée évoquent les pas de l'esprit de l'écrivain dans un cadre qu'il faut bien appeler la fiction romanesque.

François LANDRY - Des âmes tendres aux happy few: vers une religion stendhalienne? (p. 63-77)

La description stendhalienne des contraintes exercées par l'Eglise, subtilement assimilées par Fabrice mais plongeant Julien dans une sécheresse sans remède, alterne dans l'œuvre avec l'expérience d'un sentiment qui conduit les personnages aux limites de la croyance. Cette expérience, essentiellement amoureuse, semble désigner la possibilité d'une communauté idéale, toute fénelonienne d'inspiration, et qui n'est pas sans évoquer, par son élection de la bonté et de la sensibilité, une autre communauté tout aussi idéale, celle des lecteurs privilégiés auxquels songeait Stendhal, postulés par la pratique de l'écriture.

Roger FRANCILLON - Mais où ont donc passé les millions de la Sanseverina? Réflexion sur le rôle de l'argent dans La Chartreuse de Parme (p. 79-89)

La critique stendhalienne s'est peu préoccupée du rôle de l'argent dans son univers romanesque. Or une relecture de La Chartreuse de Parme faite sous cet angle particulier m'a convaincu de l'importance et de l'ambiguïté de ce motif dans l'imaginaire stendhalien. L'argent, qui, à première vue, remplit une fonction normative de type négatif et semble devoir être considéré comme une antivaleur, est également un élément dynamique car il est l'aliment qui entretient le feu des passions, un moyen de transsubstantiation de la réalité sordide en jouissances de toute nature comme dans le monde des contes de fées.

Jean-Luc SEYLAZ - Une fiction stendhalienne: la France du touriste (p. 91-103)

Rédigeant, sous la forme de Mémoires attribués à un prête-nom, une espèce de guide touristique de la France à l'époque de Louis-Philippe, Stendhal manifeste fréquemment le besoin de remodeler le paysage selon ses goûts ou d'y transférer, en imagination, des monuments italiens.
Description documentée de la province française en 1837-1838, les Mémoires d'un touriste sont donc aussi une fiction stendhalienne, proche – par ses valeurs et ses partis pris – des grands romans.

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