240 (1994/3-4) Verba vel imagines - Edité par P.-A. Mariaux et E. Hicks

SOMMAIRE

Pierre-Alain MARIAUX - Avant-propos (p. 1-2)

Eugene VANCE - De la tombe au texte: figures de deuil dans les Confessions de Saint Augustin et dans l’art funéraire paléochrétien (p. 3-26)

Au monument funéraire souhaité puis abandonné par sa mère Monique, Augustin répond par la composition des Confessions. L'auteur analyse le statut du texte comme tombe, où s'inscrit, en filigrane, le récit de la conversion des deux protagonistes. La conversion consacre alors une nouvelle relation des personnages qui se résout dans l'érotisme sacré.

Mary Charles MURRAY - The Image, the Ear and the Eye in Early Christianity (p. 27-46)

L'un des débats les plus intéressants des études actuelles de la tradition intellectuelle occidentale concerne le statut des sens à certaines périodes de l'histoire; et l'intérêt porté au problème du texte et de l'image est en relation avec celui-ci. Ces questions constituent le contexte du présent article, dont le propos est d'interroger la relation problématique du IIe au VIe siècle.

Pierre-Alain MARIAUX - Voir, lire et connaître selon Grégoire le Grand (p. 47-60)

«Les peintures sont la lecture de ceux qui ne savent pas leurs lettres.» C'est par ces mots que Grégoire le Grand admoneste Serenus, l'évêque de Marseille qui, enflammé d'un «zèle honnête mais imprudent», avait ordonné la destruction des images de son église. De l'avis unanime, la théorie occidentale de l'image repose sur ce témoignage de Grégoire, qui justifie l'image chrétienne par son rôle essentiellement didactique: elle serait, par conséquent, la lettre des illettrés. Mais lues dans la perspective de ses Morales sur Job et ses Homélies sur Ezéchiel, les
deux lettres de Grégoire s'éclairent singulièrement: la lettre et l'image sont la même substance sous deux formes différentes.

Jean WIRTH - L’emprunt des propriétés du nom par l’image médiévale (p. 61-92)

L'analyse sémantique de l'image médiévale conduit à mettre au jour un phénomène insoupçonné: l'emprunt par elle des catégories du nom. L'auteur analyse ces diverses modalités, qu'il suit de la position carolingienne au sujet des images censées traduire les réalités spirituelles, jusqu'à la réhabilitation, à la fin du Moyen Age, du sens littéral.

Eric HICKS - Donner à voir: Guillaume de Lorris ou le roman impossible (p. 93-104)

Le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris se présente comme une fiction allégorique à valeur de paradigme. Or la mise en œuvre des concepts hypostasiés se heurte aux apories de la logique des concepts, et ne peut s'articuler sans sortir du cadre du projet littéraire. Le temps apparaissant comme élément perturbateur majeur, et l'image échappant à cette contrainte du discours, les enlumineurs viennent suppléer aux défaillances stylistiques, aux lieux où l'expression se heurte au
paradoxe. C'est là peut-être la raison principale de la remarquable cohérence des programmes d'illustration du roman, qui fut sans doute le texte le plus lu et illustré de tout le Moyen Age.

Laurent GOLAY - La Montée au Calvaire: deux œuvres de Vecchietta, la tradition siennoise et les récits de la Passion (p. 105-122)

Si des textes comme les Méditations sur la Vie du Christ seront au XIVe siècle à l'origine de nouveautés formelles dans la peinture de l'Italie centrale, le rayonnement de certaines représentations, héritières d'une solide tradition iconographique, vont influencer à leur tour des textes fondamentaux de la littérature religieuse du Trecento. Les œuvres peintes, de Duccio au Vecchietta, les textes, du Pseudo-Bonaventure à Niccolò Cicerchia, sont les acteurs d'un scénario où l'image s'offre comme texte omniprésent.

Moshe BARASCH - Words and Pictures: Reflections on the Concept of Mode (p. 123-144)

A partir de quelques exemples pris dans l'art de la Renaissance, l'auteur analyse le concept de mode. Le mode reflète en effet un cas particulier de la relation entre texte et image: construite comme un discours, l'image s'inscrit dans les limites d'une rhétorique. La liberté de l'artiste, au-delà des contraintes du support, du commanditaire ou du public, se manifeste précisément dans la liberté, dans cette rhétorique, du choix du mode.

Michel THÉVOZ - Pornographie (p. 145-166)

Texte-image: l'opposition est à la fois évidente et simpliste. Une œuvre figurative se développe à partir de l'objet pulsionnel, selon les lois du refoulement, c'est-à-dire par un jeu de substitutions métaphoro-métonymiques articulé comme un langage. Ce qui signifie que l'opposition de la sémiosis et de la mimésis n'est pas superposée mais transversale à celle de l'écriture et de la figure. La démonstration en est tentée à propos du Laocoon de Lessing et des natures mortes de
Chardin.

Solange MICHON - Viollet-le-Duc et l’iconographie médiévale: la cathédrale gothique et «ses poèmes sculptés et peints» (p. 167-186)

Viollet-le-Duc consacre un certain nombre d'articles de son Dictionnaire raisonné de l'architecture française à des thèmes iconographiques qu'il considère comme essentiels dans le contexte de ce «livre ouvert pour la foule» qu'est la cathédrale gothique. La présente étude s'attachera à montrer leur importance, tant dans le texte du dictionnaire qu'à travers ses illustrations, à préciser le rôle et la fonction des images médiévales, à redécouvrir le facteur d'unité qui les sous-tend en même temps que la méthode pluridisciplinaire utilisée par Viollet-le-Duc pour réaliser son œuvre.

Jean MOLINO - Voir et parler (p. 187-210)

Les rapports entre l'image et le langage peuvent être étudiés à trois niveaux distincts: un niveau cognitif, un niveau sémiologique général et enfin un niveau historique-culturel, où il s'agit d'analyser les relations entre mot et image dans un contexte spécifique.

Anne Marie CHRISTIN - Les leçons de l’idéogramme (p. 211-224)

Au modèle verbal qui, jusqu'au milieu du XIXe siècle, a régenté les analyses comparées du texte et de l'image en Occident, on propose ici de substituer celui de l'écriture idéographique. L'idéogramme, qui interprète la parole avec les moyens de l'image, est parvenu en effet à dégager de l'hétérogénéité initiale des deux media un signe tout à fait particulier, dont le système est fondé sur les modalités fluctuantes de la lecture. De façon plus ou moins volontaire ou avouée, la poésie et la peinture contemporaines en sont directement issues.

Etudes de lettres. Table des matières 1994 (p. 225-226)

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