284 (2009/4) Philologie slave. Linguistique - Analyse littéraire - Histoire des idées - Edité par Ekaterina Velmezova

Ce recueil comporte les travaux d’anciens étudiants, de doctorants, d’enseignants et de professeurs de la Section de langues et civilisations slaves de l’Université de Lausanne. Ces recherches sont très différentes – non seulement quant à leur méthodologie et aux problèmes qu’ils posent, mais, également, quant à leurs sujets : prose et poésie russe et soviétique, divers aspects relevant de la politique et de la civilisation du « monde slave » en rapport avec les sciences humaines, linguistique théorique et appliquée en Russie et en URSS, histoire des idées linguistiques et littéraires…
Rassemblées sous une seule couverture, onze contributions – onze voyages dans le monde de la linguistique, de la littérature et de la civilisation slaves – permettent en quelque sorte de revenir à la notion de « philologie » qui, autrefois, réunissait les études linguistiques, littéraires, historiques et philosophiques (ainsi que d’autres !), mais qui est en train de tomber en désuétude.

SOMMAIRE

Ekaterina VELMEZOVA, Patrick SERIOT - Avant-propos (p. 5-8)

Larissa BOCHSLER - I. Il’f et E. Petrov sur le ring : la boxe dans Amérique sans étages (p. 9-22)

Amérique sans étages (1936) d’Il’f et Petrov, texte issu de leur voyage aux Etats-Unis, renferme une des rares représentations de la boxe de la littérature soviétique, sport intimement associé à la corruption de l’homme, propre à la société américaine. Le discours pugilistique d’Il’f et Petrov reflète le statut problématique de la boxe dans l’idéologie communiste, mais il atteste aussi de l’influence de la littérature anglo-saxonne de gauche, laquelle a fait de ce sport de combat un leitmotiv de la dénonciation du capitalisme.

Julie BOUVARD - De l’originel à l’original : la création défigurée dans les Nouvelles de Pétersbourg de N.V. Gogol’ (p. 23-38)

L’une des constantes de l’œuvre de N.V. Gogol’ est le conflit entre l’homme de foi et l’artiste : si le premier, convaincu que la contemplation du sublime peut libérer l’homme du désir et l’élever jusqu’à la vérité divine, prêche une vision théurgique de l’art, le second, par son œuvre, ne fait que contredire cette aspiration, révélant avec une force particulière la nature profondément désirante de l’homme, laquelle en fait précisément un sujet vivant, et non un support à la projection fantasmatique d’un idéal. De ce conflit découle une problématique fondamentale : la différence entre le visible et le visuel, illustrée par les différentes figures de peintres qui peuplent les Nouvelles de Pétersbourg.

Natalia BOYARSKAYA - A la recherche de Claudine ou le libertinage démoniaque (p. 39-54)

Dans un épisode du roman Le Maître et Marguerite de M. Bulgakov, Marguerite est mise en parallèle avec une certaine Claudine, « veuve infatigable ». Nos recherches des origines de cette allusion historique ou littéraire (sont évoqués sous ce rapport plusieurs romans de Colette et une pièce de Molière) apportent une nouvelle façon de lire ce célèbre roman : à la lumière de la tradition dite libertine.

Line CRAUSAZ-SIMON - A.S. Puškin, créateur de langue ? Regard sur une quête identitaire persistante en URSS (p. 55-70)

L’œuvre d’A.S. Puškin a été analysée par nombre d’historiens de la littérature, de linguistes et d’écrivains. Eloges sur les talents du poète, mythification de sa vie, études sur son apport à la langue russe et à la littérature, bref il semble que tout ait été dit sur l’œuvre de Puškin. Mais, curieusement, bien peu sur l’utilisation abusive de l’image du poète dans la propagande soviétique, qui l’érige en symbole de la nation. Le présent travail étudie l’instrumentalisation de Puškin dans la linguistique soviétique, qui fait de lui un véritable créateur de langue.

Leonid HELLER - « Héros » et « héroïsmes » en Russie : notes pour une recherche (p. 71-80)

L’article est consacré à l’épistémologie et à l’archéologie des notions « héros » et « héroïsme » en Russie, en comparaison avec la tradition héroïque européenne. Est discuté, entre autres, le phénomène aussi paradoxal que l’abolition de la frontière entre le collectif et l’individu, ainsi qu’entre le héros et l’homme ordinaire dans la vie quotidienne. En même temps, sont montrés les avatars inattendus et les conditions du fonctionnement discursif des notions de « héros », « grand homme », « athlète du travail », etc. dans les mondes russe et soviétique.

Irina IVANOVA - La notion de « langue » dans la linguistique russe (deuxième moitié du XIXe – début du XXe siècle) (p. 81-100)

Par rapport à l’interprétation de la notion de jazyk (‘ langue ’, ‘ langage ’, etc. ), deux courants de la pensée linguistique russe sont distingués dans cet article. Le premier courant s’est formé sous l’influence de la théologie orthodoxe en s’appuyant sur l’idée de l’origine divine de la langue. Le deuxième courant s’est basé sur la conception d’une langue empruntée aux sciences naturelles. Les représentants des deux courants ont en commun d’insister sur l’importance des liens existant entre la langue et la pensée.

Victoriya SAÏDI - Le problème de la nomination de la langue ukrainienne (p. 101-114)

« Petit russe », « russe méridional », « ruthène », « russien » et enfin « ukrainien », autant de noms attribués à une seule langue à des époques différentes et par des pouvoirs différents. Dans cet article, nous étudierons les arguments linguistiques et non linguistiques pro et contra l’emploi des différentes dénominations de cette langue pour discuter, entre autres, des controverses incessantes sur la légitimité d’utilisation des mots « ukrainien » et « ruthène ».

Margarita SCHOENENBERGER - La sociolinguistique russe actuelle : deux approches divergentes et non conflictuelles ? (p. 115-138)

Dans les années 2000, apparaissent à quelques années d’intervalle deux manuels russes de sociolinguistique destinés à l’enseignement supérieur : La sociolinguistique [Sociolingvistika] de L.P. Krysin et V.P. Belikov et La sociolinguistique et la sociologie du langage [Sociolingvistika i sociologija jazyka] de N.B. Vaxtin et E.B. Golovko. Le premier livre s’inscrit dans une tradition russo-soviétique, tandis que les auteurs du second se tournent ouvertement vers la sociolinguistique anglo-américaine pour élaborer leur ouvrage. Il en ressort deux visions assez différentes du fonctionnement social du langage et de ses normes.

Elena SIMONATO - La « révolution graphique » d’E.D. Polivanov : le modèle de l’Ouzbékistan (p. 139-150)

Nous nous proposons, dans cette intervention, de mettre en lumière l’apport d’E. Polivanov à la réforme de l’alphabet et de l’orthographe de l’ouzbek dans les années 1920. On a souvent assimilé les réformes des alphabets en Asie centrale à des « révolutions graphiques ». Nous montrerons que l’on peut aussi parler de « révolutions » en linguistique puisqu’elles ont amené Polivanov à repenser les problèmes fondamentaux de la linguistique de son temps : la relation entre langue et dialecte, phonétique et orthographe, langue écrite et langue parlée.

Ekaterina VELMEZOVA - Le discours « interjectionnel » dans la linguistique russe après 1950 : les origines des grammaires académiques (p. 151-166)

Le discours « interjectionnel » en linguistique soviétique de la deuxième moitié du XXe siècle est étudié dans cet article à travers l’analyse de trois grammaires du russe dites « académiques » qui datent de 1952-1954, 1960 et 1980. Tandis que, dans ces grammaires, l’influence des théories linguistiques de V.V. Vinogradov est incontestable dans la description des autres parties du discours, la situation de l’étude des interjections semble plus compliquée, voire paradoxale : tout en s’appuyant sur la définition de l’interjection proposée par Vinogradov, certains auteurs de grammaires académiques manifestent un écart considérable par rapport à son approche de l’étude de ces mots. Le rôle de Vinogradov dans l’étude de la morphologie russe en général est également discuté dans l’article.

Yan WALTHER - Les manuscrits brûlent (matérialité de l’écrit dans les poèmes épistolaires de Iosif Brodskij) (p. 167-176)

En réactualisant le lien devenu conventionnel entre le poème épistolaire et la lettre en tant qu’objet, I. Brodskij met en relief la matérialité du texte, et par là, métaphoriquement, sa fragilité. Cette idée lui permet de symboliser trois thèmes importants de son œuvre : le danger qui menace la littérature ; la fragilité de toute communication humaine ; la culture vue comme « fil d’Ariane » de la civilisation.

Adresses des auteurs (p. 179-180)

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ISBN 978-2-940331-21-5

Dans la presse :

R. Comtet, in Slavica Occitania, 2010, № 31, p. 347-354

 

R. Comtet, in Revue des études slaves, 2010, tome LXXXI, fascicule 2-3, p. 388-390

 

T.N. Kozjura, in «Slavistika v Švejcarii», in Filologičeskie zapiski, 2010-2011, № 30, р. 402-415 [La slavistique en Suisse]    

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