Anita Lüthi

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© Hugues Siegenthaler, UNIL

Version du 25 mars 2014

Anita Lüthi, professeure associée

Spécialiste des mécanismes cellulaires du sommeil, Anita Lüthi a été titularisée professeure associée au Département des neurosciences fondamentales (DNF) de l’UNIL dès le 1er mars 2014.

De nationalité suisse, Anita Lüthi est née à Berne en 1968. Après des études en biophysique à l’Université de Bâle, elle rejoint en 1992 le Brain Research Institute, entité de recherche commune à l’Université et à l’École polytechnique fédérale de Zurich, où elle décroche en 1995 son doctorat dans le domaine de l’électrophysiologie des neurones situées dans l’hippocampe [qui ont une fonction importante pour la plasticité du cerveau et dans la formation de la mémoire]. Un séjour postdoctoral de quatre ans à l’Université de Yale (Connecticut, USA) l’amène à centrer ses intérêts de recherche sur les activités électriques rythmiques des neurones du thalamus [qui jouent un rôle dans la régulation de la vigilance et du sommeil].

En 2000, elle est de retour au Biozentrum de l’Université de Bâle en tant que professeure assistante. Elle y constitue une équipe de recherche qui se focalise sur le fonctionnement et la physiologie du thalamus, ainsi que sur les conséquences de la privation de sommeil aux niveaux cellulaire et synaptique dans l’hippocampe. En 2008, elle intègre l’UNIL en tant que professeure assistante au bénéfice d’un soutien de la Fondation Cloëtta, avant de décrocher un poste de professeure assistante en prétitularisation conditionnelle un an plus tard. Sa titularisation au rang de professeure associée de l’UNIL en mars 2014 plébiscite une chercheuse devenue une référence internationale dans le domaine de la physiologie du sommeil.

Le sommeil reste l’une des énigmes majeures des neurosciences. S’il est notoire que le manque de sommeil a des conséquences importantes sur la santé et les fonctions cognitives, les processus biologiques qui sous-tendent ces troubles restent encore largement mystérieux. Comment le manque de sommeil afflige le fonctionnement électrophysiologique des neurones ? Anita Lüthi et son équipe ont démontré de façon originale et inédite que la privation de sommeil pouvait être étudiée in vitro dans des coupes de cerveau. L’impact de cette découverte fut majeur dans le domaine des neurosciences et la méthode fut étendue à d’autres champs de recherche comme l’addiction ou le stress.

En combinant ces observations in vitro avec des analyses électrophysiologiques in vivo et d’autres outils d’investigations biochimiques, la chercheuse a pu démontrer qu’un sommeil insuffisant se matérialise au niveau moléculaire dans l’hippocampe, plus précisément dans les zones de contact entre deux neurones, les synapses. Concrètement, certains récepteurs à la surface des synapses sont modifiés par la privation de sommeil, mais reconstitués par un sommeil récupérateur. La chercheuse s’intéresse également à identifier les mécanismes de rythmicité des neurones thalamiques. Les cycles du sommeil, composés de différents stades, signent de leur rythme chacune de nos nuits.

A quoi ces rythmes servent-ils ? Anita Lüthi et son équipe ont identifié plusieurs canaux ioniques qui gèrent l’activité rythmique des neurones thalamiques. Grâce à des études in vitro, elle a récemment démontré que les ondes électriques du sommeil, appelées fuseaux, peuvent être modifiées spécifiquement dans des souris, démontrant ainsi que le sommeil peut être amélioré et la résistance aux bruits extérieurs augmentée. Un de ses prochains buts sera d’explorer le rôle des fuseaux dans la formation de la mémoire chez la souris.

Ses travaux, d’une grande créativité et dont l’approche multidisciplinaire est unanimement saluée, viennent compléter efficacement d’autres recherches menées au Centre intégratif de génomique (CIG) et au CHUV sur ce sujet, tant au niveau génétique que clinique. La scientifique fait preuve d’une productivité scientifique constante, avec des publications dans des revues prestigieuses comme Nature Neuroscience, PNAS ou Journal of Neuroscience. Sa recherche est régulièrement soutenue par le Fonds national suisse depuis 2000 et par d’autres fonds suisses et européens. Très active dans les réseaux scientifiques de son domaine, Anita Lüthi a été élue présidente de la Société suisse de physiologie pour la période 2013-2015. Last but not least, la chercheuse est également une musicienne accomplie. Elle est au bénéfice d’un diplôme professionnel et a notamment remporté à 20 ans le 1er prix du concours national suisse pour jeunes flûtistes.

Par: Francine Billotte/Communication FBM

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